jeudi 4 février 2010, par
L’art de la guerre
Ça commence comme un conte pour enfants. Time Xone, et l’on sait déjà que les gamins se font dévorer à la fin, tendance Grimm. Des images apparaissent : une forêt victorienne, filmée à la Tim Burton, et les promesses d’un crépuscule qui épelle le mot danger. La menace est palpable, dès les premières notes de We Want War. Martial – quoi d’autre ? – le tempo égrène sont lot d’angoisses avant que les vents se ne joignent au bouillonnant magma sonore, annonçant l’imminence de l’impact.
Ça y est : les enfants entrent en scène ; mais plus encore que chez Dead Man’s Bones, le chœur cherche moins à émouvoir qu’à vampiriser. L’effet est saisissant, comme disait l’autre. Au bout de sept minutes d’une oppression qu’on n’avait plus croisée que rarement depuis Aphex Twin, on s’étonne presque d’être sorti vivant du bois. Vivant mais pas indemne. Déjà Three Thousand s’avance comme une armée de clones : on entend le cliquetis des sabres, tandis que le chant de Jack Barnett s’est purgé des derniers vestiges de sentiments qui le muselaient. On sent pourtant comme un désespoir digne sur Hologram, élégant et enfumé comme la brève vague de brouillard qui précède la reprise des combats, à l’aube : Attack Music. Les enfants, dégaine robotique et yeux vitreux, ont définitivement rejoint l’armée des ombres. Issue fatale.
Le combat fait rage sur Fire Power, puis la nuit retombe : Orion, rare concession ouverte aux années 80 – celles des B.O. d’heroic fantasy et du tube traumatisant de Q. Lazzarus – amorce une trêve traîtresse. Plus belliqueux que tout ce qui l’a précédé, Drums Court vient, voit et vainc, diluant la radicalité d’Oneida dans quelques moments d’apaisement – histoire de rappeler, à l’oiseau fasciné par la tempête, qu’il existe une vie au-dessus des nuages. Et justement, c’est étranger au tempérament anxiogène qui lie et relie le reste de l’album, que White Chords se démarque et ferait presque office ici de single pop. Ce serait sous-estimer pourtant l’esprit machiavélique de Barnett, démiurge assoiffé de cohérence. Logique en effet de ralentir les pulsations effrénées d’un disque que la peur et la rage guerrière ont alimenté en adrénaline, juste avant que 5 ne clôture le grand œuvre par un survol désenchanté du champ de bataille, encore fumant de métal et de sang.
Et nous de rester cois en contemplant l’étendue des dégâts : loin de tout puritanisme, "Hidden" a eu l’audace de nous montrer que le rock, en 2010, pouvait encore surprendre en pourfendant les clichés. Ses nombreux oripeaux sont le prix de deux renaissances : celle d’un groupe qui vient d’accomplir un pas de géant depuis un premier effort déjà libertin, mais encore circonscrit ; celle d’une musique qui, à l’instar de Macbeth souillant les plaines d’Ecosse, ne se résoudra à mourir qu’après avoir tué le plus possible de ses ennemis
Nous sommes en 2013. Après un premier album acclamé emmené par le tube Foundations, la star de Myspace a confirmé avec My Best Friend Is You la plupart des espoirs placés en elle et la voici en position de définitivement asseoir son statut avec un troisième album traditionnellement piégeux. Mais elle va relever le défi.
Sauf que vous savez que ça ne ça ne s’est pas passé comme ça. Larguée (…)
Même en 2042 et après avoir sorti 13 albums réussis, The Smile restera ’le groupe des deux types de Radiohead’. C’est comme ça, le groupe d’Oxford est trop ancré dans la culture pop pour passer au second plan de quoi que ce soit. Mais cette encombrante et inévitable figure tutélaire ne doit pas oblitérer les qualités indéniables de The Smile. Les deux protagonistes, flanqués du batteur Tom (…)
C’est un phénomène que j’ai du mal à m’expliquer. Il m’est difficile voire impossible de me plonger dans des œuvres récentes d’artistes que j’ai beaucoup aimés il y a longtemps. Si dans certains cas c’est la qualité de leurs albums qui est l’explication la plus facile (Muse, The Killers, Foals...), c’est plus mystérieux en ce qui concerne Radiohead, Nick Cave ou PJ Harvey.
Il faut dire aussi (…)
Outre un flair hors-normes pour dégotter des talents très actuels (Nadine Khouri, Raoul Vignal, Emily Jane White...), Talitres a aussi le chic de remettre en selle des formations culte. A l’instar de Flotation Toy Warning ou The Apartments, Ralfe Band était passé sous nos radars et c’est le label bordelais qui nous le signale.
Et il fait bien. Si les albums précédents du groupe d’Oly Ralfe (…)
Une certaine distance vis-à-vis des artistes qui sont critiqués ici rend incongrue la proximité géographique. 1480 est un morceau ici mais aussi un code postal. Y a-t-il une école wallonne de la turbulence ? Si on se réfère à La Jungle et ceci, ce n’est pas impossible. Est-ce une coïncidence s’ils font tous deux partie du catalogue Rockerill ? Nous ne le pensons pas.
Mais cet album produit (…)
Le post-punk anglais avec morgue est un genre très particulier dans lequel les Londoniens de Squid s’étaient distingués. Il faut dire que ce substrat est utilisé dans tellement de contextes pour tellement de résultats, de Bloc Party à Black Country New Road en passant par Art Brut qu’on peut le décliner de bien des façons.
Et Squid balaie à lui seul une belle partie du spectre, allant même (…)
Cet imposant album d’un trio lillois nous semble familier sans que ce ne soit exactement identique à quoi que ce soit. Si on tente de retrouver son chemin, on est très vite tentés de s’y perdre pour mieux s’y fondre. Le chant très expressif dès Deer Flight, un peu comme si Patrick Wolf s’était mis au post-punk poisseux et éructait (aboyait même sur Revenge). On y secoue lentement la tête (…)
On va être tout à fait honnêtes, on n’avait jamais entendu parler du Bruxellois Rodolphe Coster malgré un parcours visiblement déjà fourni, avec un gros pied dans la musique de danse contemporaine. Mais ce n’est pas le plus important, on a copieusement apprécié cet album immédiatement familier.
New York est ici un endroit d’enregistrement ici mais aussi un style, avec une forte dose de (…)