mercredi 31 mars 2010, par
Compliquons-nous la vie
Pour ceux qui aiment commencer par des détails biographiques, une critique de Trips and Falls peut s’avérer problématique. En effet, il semble difficile de trouver des informations sur ce trio de Montréal. Tout au plus se bornera-t-on à préciser que cet album semble avoir été enregistré il y a un petit temps avant sa sortie actuelle. Privés de références objectives, il n’y a plus qu’à se laisser emporter par la musique.
Et le détachement est nécessaire pour bien appréhender cet album. Eh oui, c’est encore de la pop tordue, qui vous entraîne dans ces circonvolutions complexes. Heureusement, les passages sont souvent bien fichus. Leur agencement est rarement un obstacle à une écoute confortable. Par exemple, How Do you Do… présente un mélange de chant placide un peu lassé et délicat, et une ligne de guitares assez différente qui alterne avec les passages chantés. We Were Like Strangers Today présente cette dualité, avec une petite poussée bienvenue. Une fois qu’on a compris ce procédé utilisé sur certains morceaux, ils semblent comme apprivoisés et moins déroutés, on peut en profiter. Les bidouillages n’apparaissent donc pas comme des cache-misère.
Les mélodies, il y en a quand même, et un In Real Life He Wear Corduroy Pants est tout sauf aride et expérimental. C’est même le morceau qui m’a le plus plu au début, parce que j’y ai retrouvé le même charme nonchalant qu’à Destroyer. Quitte à leur trouver une famille musicale, certaines guitares languides renvoient aux Walkmen et quand les voix sont mixtes on songe aux turbulents (mais opaques pour moi) Dirty Projectors.
Une ballade mixte assez classique mais transformée par un gimmick de violons synthétiques (Prelude To Shark Attack). On n’est pas dans le terrorisme sonore, mais dans la recherche de petits détails pour ne pas sonner comme tout le monde. On peut dire que c’est réussi parce que dans un premier temps on est intrigué malheureusement le morceau se recroqueville sur lui-même en devenant un peu mièvre.
On l’a déjà dit à maintes reprises, plus on s’écarte de l’orthodoxie de l’écoute facile, plus la subjectivité parle. Ce qui est paradoxal sans doute parce que c’est le plus cérébral mais c’est comme ça. Et, plus contrariant quand on se décide à écrire des chroniques d’albums, l’appréciation dépend fortement de l’humeur et de l’investissement personnel.
Si vous aimez beaucoup, je vous comprends. Si vous pensez que se compliquer la vie comme ça est un cache-misère pour des morceaux trop tordus, je comprendrai votre point de vue. Mais à part cette déclaration d’empathie inconditionnelle, je dois dire que j’ai bien goûté ces morceaux plus conventionnels qu’on veut bien le croire.
www.myspace.com/thetripsandfalls
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Depuis le 2 janvier 2007, la musique de Basia Bulat est dans nos vies. Et elle y est restée. Après avoir revisité sa discographie avec un quatuor, la revoici avec du nouveau matériel initialement composé en midi. En mode disco donc ? Non, pas vraiment, même si Angel s’en approche un peu. Le décalage avec sa voix chaude est intéressant en tous cas.
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