mercredi 19 mai 2010, par
Oui, encore
On sous-estime parfois la capacité de la mémoire humaine. Ainsi, quand un groupe n’ayant pas livré de chef-d’œuvre revient avec un nouvel album, je suis souvent surpris de retrouver mes marques. C’est encore le cas avec cette formation de Brooklyn (oui, encore) donnant dans une relecture personnelle du folk (oui, encore).
Il faut dire que Woods a tout fait pour se rappeler facilement à notre bon souvenir. Ils ont continué dans la voie de leur précédent Songs Of Shame. Le vieillissement se stabilise et c’est une bonne chose. Les voix sont toujours aussi triturées et on peut se dire que de nos jours, un laisser-aller aussi volontariste (si vous me passez le paradoxe) peut très bien passer pour une coquetterie. C’est leur signature, certes, ça les distingue un peu de la masse mais il y a risque d’usure sur la longueur.
Donc il y a sur cet At Echo Park des morceaux plutôt classiques, des mélodies qui n’essaient pas d’être obscures, ce qui est un signe de talent. Les mélodies sont heureusement souvent gratifiantes, ce qui rend un Death Rattles intéressant. Mais qui se cachent sous un air de faux branleur. Les soli de guitare sont toujours aussi désuètement déglingués. Voire carrément sur Deep. J’ai rarement l’impression en écoutant de la musique que je pourrais en faire autant mais là cette étrange idée m’a effleuré. Trop de minimalisme risque le misérabilisme.
Des jams tordues (From The Horn) semblent échappées d’une bande originale de Pink Floyd pour Barbet Schröder (More, La Vallée, ce genre…). Etrange d’ailleurs comme cette notion de jam, de passages instrumentaux qui sentent bon le chanvre ont du attendre longtemps avant d’avoir de nouveaux droit de cité. Plus de traces Can en vue par contre. Tout au plus en retrouve-t-on la tension le temps de fins de morceaux comme le plus abouti Time Fading Lines (pourtant classique dans sa phase initiale).
Evidemment, le bordel généralisé a son charme, mais il faut veiller à ne pas aller trop loin. Get Back est quand même un peu trop décousu pour que l’attention se fixe. C’est le second versant du procédé. Je sais que je peux dire ça d’une majorité des albums que je critique mais c’est encore sur la longueur que cet album se révèle. Par ses bons côtés comme ses tics. Si vous n’êtes pas un fanatique de l’ordre musical, voilà peut-être un bordel sonore digne d’intérêt.
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)
Jamie Stewart est un artiste qui fait de la musique excitante. De combien pouvez-vous dire ça ? On ne veut pas dire qu’il a toujours tout réussi, tout le temps, mais on prend toujours de ses nouvelles avec une curiosité certaine. On sait qu’on va être surpris, un peu secoués et peut-être même un peu soufflés. Ou même beaucoup soufflés dans le cas qui nous occupe, à savoir le successeur du (…)
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)
On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)