vendredi 4 juin 2010, par
Le superbe
Aller voir en vrai ce qu’on écoute sur disque, c’est quand même un peu ça l’intérêt d’un concert, non ? Benjamin Biolay repassait dans notre capitale et ça ne se ratait pas.
Un des autres plaisirs des concerts, c’est faire des découvertes de nouveaux artistes. Ou alors prévenir des pièges à venir. C’est plutôt la seconde option avec la jolie Française de Joyce Jonathan. Accompagnée du (joli aussi d’après des avis recueillis) guitariste Guillaume, la première chanson est pourtant engageante. Et puis on déchante un peu. La voix passe bien, les mélodies ne sont pas indignes et on se dit qu’en anglais ce pourrait être plaisant. Parce que c’est au niveau des paroles que ça coince. Oui, la rupture ça fait mal, oui, une femme peut être plus fragile qu’elle n’en a l’air, oui, c’était mieux avant quand on était jeunes et insouciants (moins d’accord pour le coup…). Mais quand le ton est plat et premier degré, cliché et poncifs montent dans un bateau sans savoir ce qu’il en sortira.
Mais le public de cette AB remplie presqu’au ras bord n’était pas là pour cette courte mise en bouche. Accompagné de cinq musiciens qui se révéleront tous à la hauteur de la tâche (mention spéciale à l’excellent bassiste et au claviériste-multi-instrumentiste), l’auteur d’un des tout meilleurs albums récents déboule. Les premières chansons apparaissent comme des échauffements, le débit nécessitant de trouver ses marques. Ce n’est pas grave, tout commence à décoller progressivement.
Alors que mes quelques craintes portaient sur les performances vocales et l’attitude du sieur Biolay, les apaisements arrivent bien vite. Oui, la voix est au rendez-vous et oui, c’est un chanteur content d’être là qu’on voit évoluer. Le très denseLa Superbe est évidemment exploré en priorité, avec quelques incursions dans le reste de sa discographie déjà ample. Du très bon Trash Yéyé seront repris Bien Avant, Dans La Merco Benz et Qu’est-ce que ça peut faire, sélection impeccable s’il en est. Pour le reste, les morceaux un peu plus relevés sont évidemment favorisés en concert, ce qui donne l’occasion au guitariste de faire plein de grimaces de guitar-hero sur le retour.
Le contact avec le public est bon, et il connait bien Bruxelles pour y avoir beaucoup enregistré. Il introduit donc Ton Héritage comme une chanson à sa fille (nooon ?) mais ce titre magique se passe du moindre contexte. Ca fonctionne évidemment très bien. Et d’une manière générale, on ne retrouve fatalement pas sur scène la parfaite finition des morceaux des albums. Certains artistes gagnent avec les aspérités, c’est un peu moins le cas ici. La superbe a ainsi droit à d’artificielles bandes enregistrées et il faudra attendre plus d’intervention des musiciens pour que ça fuse vraiment.
Mais on n’est pas au bout de ses surprises. Après une longue présentation de ses musiciens, il se lance dans un long A L’origine qui clôturera la phase classique. Ils reviendront deux fois. Tout d’abord brièvement le temps d’un Padam qui prend son sens devant un public conquis d’avance et puis pour deux de ses tout meilleurs morceaux. L’incunable Les Cerfs-volants évidemment, qui restera comme un de ses chefs-d’œuvre et un plus inattendu Brandt Rhapsodie, où la troublante harpiste aura la tâche difficile de remplacer Jeanne Cherhal. C’est appliqué et précis, mais comme on connait le moindre post-it de ce titre, l’expression de Jeanne n’est pas égalée. Ce bon concert se termine donc bien. Biolay a l’air heureux d’être là où il est, tout au dessus d’une chanson française de luxe.
EDIT : les images sont en ligne : http://picasaweb.google.com/marc.mineur/BenjaminBiolayAncienneBelgique03062010#
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