jeudi 10 août 2006, par
Réduire un album à deux titres est réducteur. Oui oui oui. Mais si ces deux titres sont exceptionnels ? Bon, on remettra à plus tard la résolution de cette fort plaisante aporie.
C’est un peu par hasard que j’avais connu Modest Mouse. Les surgissments parfois furieux de l’album The lonesone crowded west (signalons l’inspiration certaine avec laquelle tous les titres de la discographie sont composés) m’avaient rendu ce groupe sans prétention (voir le nom, hihihi) fort attachant.
Les deux premiers titres de cet album, le sentimental The world at large et l’impeccable Float on à l’intro vraiment excellente sont donc, on l’a dit incontournables. Et le reste alors ? Très varié, à l’inspiration pouvant se situer chez dEUS (ou ailleurs, je soupçonne fort ces américains de ne pas être obnubilés par Anvers) ou dans le rock post-punk à la Violent Femmes (Dance hall), voire dans la fanfare déglinguée à la Tom Waits (Devil’s workday).
Une des tendances lourdes de la musique allternative (en réaction à des Muse et Radiohead ?) est de produire du son pas trop propre. A ce jeu, des groupes comme les Libertines poussent le jeu très loin. Ici, c’est une grande envie de jouer (palpable par exemple sur le funk agricole de The View) qui prédomine. Are you dead or are-you sleeping ? nous demandent-il sur Satin in a coffin, comme pour s’assurer qu’on s’amuse autant qu’eux. De nos jours, des notes d’harmonium, de banjo ne sont plus taboues et sortent du ghetto pour notre plus grand plaisir (Milo). Bon, si la fin est plus anecdotique, on mettra ça sur le compte de l’abondance (16 titres).
En résumé, deux titres très accrocheurs et le reste qui vaut le détour pour les personnes curieuses et festives. Un fort bon album donc ? C’est ça. (M.)
Depuis eux albums, Cross Record est le projet solo d’Emily Cross. Chanteuse de Loma, elle agit aussi en tant que ‘Death Doula’, autrement dit en assistant des fins de vie. Elle a aussi quitté son Texas pour le Dorset et est devenue mère, ce qui ne doit pas être un mince ajustement. Donc quand on décèle que c’est une chanteuse habitée, tout ce substrat prend son sens, prend chair même. (…)
Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)
Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)