mercredi 5 janvier 2011, par
Dualité
Cette période un peu creuse musicalement parlant, entre vapeurs de réveillon et rentrée en bonne et due forme, est propice au bouclage des critiques de l’année précédente. Plutôt que me lancer dans la tâche titanesque de jeter une oreille sur les 389 albums de la liste de Laurent que je n’ai pas écoutés, c’est une critique de proximité qui me sort de ma torpeur.
Première impression à l’entame de l’écoute, j’ai pensé assez vite à Sophia. Mais sans le charisme auto-apitoyé de Robyn Propper-Sheppard. La façon de poser une mélodie y renvoie clairement. Donc c’est au public de cet attachant artiste que je conseillerais d’abord Le Double. Mais il ne faut pas céder à la facilité de cette comparaison et penser naïvement qu’on a fait le tour du sujet, bien plus mouvant et complexe. Le Double semble donc un nom plutôt bien choisi par Samuel De Smedt, l’auteur de cet album.
Double pourquoi donc ? Parce qu’on peut situer ce Songs For Maggots à l’intersection de ceux courants. A ma gauche donc, du folk. Auderghem n’est pas un vivier musical (ou alors on me cache des trucs) comme Portland, Seattle ou Manchester (sans parler de Montreal ou Brooklyn), mais ce groupe s’inscrit dans une mouvance presque mondiale. Ou alors c’est moi qui écoute trop de choses semblables, ce qui est de toute façon ce que je ressens. On a déjà parlé de l’importance relative du contexte. Le Double peut donc ‘jouer avec’ dans le genre qu’il pratique avec un talent manifeste. Mais on connaît tellement de réussites qu’il est difficile de se défendre pied à pied. Que faire alors ? Varier, se souvenir de ses anciennes amours post-rock. Et c’est là que je me tourne vers la droite.
Parce que le milieu de l’album part vers d’autre rives, ce qu’on soupçonne dès la variété de Shine, Burn ! C’est encore plus patent What If, y compris dans un placement de voix qu’on devine postérieur à la composition (c’est pour ça qu’on parle de post-rock, dites ?). Et puis il y a des petits détails qui plaisent, comme entendre de l’accent liégeois sur la voix enregistrée de Yukon. Ce genre de petit clash me ravit.
Puisque je suis là pour donner mon avis, je vais en profiter pour dire que le chant manque un peu du pur charisme qu’on aime tant chez un Shearwater ou Bright Eyes. On ne demande évidemment pas à chaque chanteur d’avoir le charisme de ces monuments mais tout tient tellement la route musicalement que c’est surprenant. C’est évidemment une impression (forcément) subjective mais certains morceaux, surtout ceux où elle a l’occasion de monter (Perfection, Middle Class Folks) en pâtissent. Par contre, quand elle est plus contenue, on a d’excellents moments. Le Should We Sophia en diable par exemple ou le délicat et enchanteur The Guy.
Pas besoin d’aller très loin pour chercher des satisfactions musicales. On va donc suivre ce groupe, et plus que probablement s’arranger pour le voir en concert. Parce qu’en jouant à la fois sur le registre d’une écriture très classique et en se risquant dans des digressions musicales assurées, il arrive à créer un mélange attachant.
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