dimanche 18 juin 2006, par
Une des grandes joies de la musique, qui paradoxalement confirme la vacuité d’une critique, est le caractère non déterministe de ce qui peut plaire. En effet, tout pourrait énerver ici, le maniérisme, la voix haut perchée... Et pourtant ça marche. On détecte une sincérité, et le mielleux est évité (de justesse, c’est encore mieux), encore que je conçoive que cet avis ne fera pas l’unanimité.
Les préoccupations d’Antony ont beau ne pas être les miennes (au vu du thème des chansons et selon le titre de l’album, il voudrait être une femme), j’ai été touché par ces titres.
En général, ce sont des femmes (Feist, Kelly deMartino, Emiliana Torrini) qui apportaient la douceur indispensable, mais ici c’est Antony qui crée un spleen à faire pleurer les pierres. C’est tout simplement beau et qu’importe si le cholesterol pointe le bout de son nez de temps en temps (Fistful of love).
Si la qualité moyenne est très bonne, certaines mélodies sortent du lot cependant (For today I am a boy, Man is the baby, l’imparable slow You are my sister).
Le procédé des chansons (orchestrations basées sur le piano, quelque part dans les moments apaisés de Tim Buckley) est vite compris et aurait pu lasser si l’album n’était aussi court. Mieux vaut picorer cet album que le dévorer de toute façon. L’automne est là et il faut engranger les disques doux pour passer l’hiver au chaud. En effet, je ne pense pas qu’il aurait convenu pour égayer vos barbecues. (M.)
C’est sans doute une contradiction, mais on peut conserver un excellent souvenir d’un album ancien tout en confessant avoir loupé ses successeurs. Heureusement, le hasard (et les distributeurs) sont là pour nous remettre sur le droit chemin. Issu d’une scène suisse dont on ne cesse de (re)découvrir la profondeur, ce groupe de Lausanne nous offre une nouvelle expérience sonore.
On avait (…)
How come you, too, assume your opinion counts ?
Si cette phrase eut être rude si elle est adressée à un critique du dimanche comme votre serviteur, il prend une autre dimension quand il traite du droit des femmes à disposer de leur corps. Parce que chez la Suissesse Gina Eté, le fond est consubstantiel de la forme. Et cette forme prend encore de la hauteur après un premier EP et un album qui (…)
‘Si ça va trop vite ou trop fort, c’est que vous êtes trop vieux.’
C’est ce que veut l’adage et l’Italien Enzo Pepi a décidé de le prendre à contrepied, intitulant son album d’une réflexion souvent entendue. Mais on se doute qu’on lui fasse encore la remarque. Surtout que de fureur il n’est finalement pas question ici. Ce vétéran italien de la scène rock/noise utilise la distorsion, certes, (…)
On avait appréhendé l’univers de Lazy Day à travers un morceau à la fois rêveur et tendu. Concrete dégage un charme qui nous rappelle notre attachement à Broken Social Scene et on le retrouve ici mais ce n’est qu’une des nombreuses facettes développées par Tilly Scantlebury (de Londres). Ce qui déconcerte, c’est précisément de ne pas être plus déconcertés quand on fait le détail qui balaie (…)
On ne peut pas dire que l’exercice de l’album de reprise soit notre préféré. Si c’est amusant à petites doses, l’aspect presque toujours hétéroclite de reprises diverses par un.e artiste ou de rerpises d’un.e artiste par une multitude est souvent rébarbatif. Mais avec une forte personnalité musicale établie avec parcimonie lors de ces 15 dernières années, on savait que la cover était un des (…)
’Cette année c’est la bonne’. C’est ce qu’on s’est dit quelques fois avant d’abandonner l’espoir d’un nouvel album de The Cure. Lequel n’était même pas indispensable, on les sait toujours capables de longues tournées de longs concerts de longues chansons. Et puis l’intégrité de la bande de Robert Smith, pronant le ticket pas cher à l’heure des prix dynamiques ou privilégiant les longues intros (…)
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)