jeudi 28 avril 2011, par
Les groupes finissent toujours par revenir, ce qui fait qu’entre des découvertes de toute sorte on peut souvent retrouver des têtes connues. Ces têtes-ci s’étaient d’ailleurs bien arrangées pour se faire connaître. Ils avaient en effet énormément (trop ?) tourné depuis la sortie de leur premier album, quelque part à la fin de 2007. On les sentait soucieux de profiter de cet engouement. Il faut dire que leurs concerts reposaient sur une scénographie soignée, due notamment à Jérôme Deschamps et Macha Makaïev (oui, ceux derrière les Deschiens) et permettait des moments de bravoure, comme cette interprétation de leur Buffalo à un seul micro. Le succès était mérité, mais il faut bien avouer qu’ils jouaient pour un public français moins habitué (donc moins saturé) à cette musique traditionnelle qu’il est toujours aussi réducteur d’appeler americana.
Le premier album, sorti dans une relative discrétion avant de connaître le succès, était un rien inégal. Pas étonnant dans dès lors de constater que celui-ci est plus linéaire. En premier abord du moins. Isabella se présente en bon single, frais et immédiat, à l’écriture simple et limpide à défaut d’être renversante.
On retrouve avec plaisir la voix typique de Rosemary. Vraie bilingue, elle empêche de tomber dans l’accent français qui tue l’authenticité (ou ajoute du charme, c’est ce qu’ils aiment à penser dans ces cas-là). De plus, elle est dénuée de gouaille western. C’est donc logiquement moins âpre et ténébreux que les groupes de David Eugene Edwards (16 Horsepower, Woven Hand) mais il suffit d’un petit gimmick sur Beasty Jane pour qu’un morceau se constitue.
L’aspect un peu cinématographique semble un peu moins présent. Ce n’est pas que ça dépréciait l’album mais on les sent plus surs de leur écriture, au point de s’être débarrassés de ce qui pouvait passer pour des expédients. Ils n’en abandonnent pas pour autant la mise en scène le temps d’un Where is The Light plus Brechtien (pas dans l’acception théâtrale du terme). C’est sur ce genre de morceaux qu’on constate l’épaississement de leur son, leur capacité à ne pas se cantonner dans la jolie chanson. Ils avaient déjà tenté le coup sur le premier album mais avec moins de réussite.
Les interludes musicaux sont aussi plus solides, moins arty et gratuits. Il est quand même un peu frustrant que l’accélération de Serial Fields ne débouche pas sur un morceau. Au rayon des petites remarques, il manque peut-être un peu de relance au plus roots How Many Tides pour que l’attention se fixe durablement et ils ne lâchent que rarement la bride (Clementine).
Donc ce qu’on aime, c’est l’absence de ce côté country and western du maintream du genre. Ce qui fait que de purs produits US peuvent ne pas séduire parfois (Bright Eyes, The Decemberists, certains Midlake ou Wilco ou Band Of Horses. Evidemment, on a toutes les composantes du genre, harmonica compris, mais si cet instrument vous donne des palpitations, s’éloigner de ce genre de musique est une application évidente du principe de précaution (Julie’s Candle Cane Tale). Et si on échappe quand même à certains marqueurs culturels comme la steel guitar, ils se placent pourtant dans une tradition de chansons qui racontent des histoires avec de vrais morceaux de personnages dedans.
Le second album de Moriarty vient confirmer qu’ils avaient de la suite dans les idées. Plus uniforme mais plus solide, il ne bénéficie plus de l’effet de surprise mais devrait leur permettre de garder leur nombreuse (compte tenu du style pratiqué) audience.
http://www.myspace.com/moriartylands
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