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Zola Jesus - Conatus

mercredi 16 novembre 2011, par Marc

Le retour du froid


Peut-on encore parler de revival quand une époque a infusé à ce point la nôtre ? On peut se poser la question pour ces années ’80 dont on parle tellement régulièrement que l’exception est presque de traiter d’autre chose. Avec Zola Jesus, on est au cœur du sujet, tant son premier album suintait les références assez marquées, Siouxie en tête. Comme pour s’excuser de la commonalité entre son EP Stridulum et l’album qui en est issu, Stidulum II, elle s’est remis au travail assez vite. Dans ce court intervalle, aucune révolution de palais n’est venue modifier profondément la donne.

Dans le genre de retour assumé, c’est assez littéral mais pour l’amateur un peu anachronique que je suis, c’est sans doute ce qu’il y a de plus proche dans l’esprit. Encore une fois, je ne bouderai pas mon plaisir, même si je reconnais aisément qu’il vaut mieux être disposé. De plus, on ne remarque pas chez elle une profusion de sons de synthés embarrassants, avantageusement remplacés par un piano plus intime (Skin).

Comme pour se protéger, Nika Roza Danilova retranche sa voix derrière des effets. On peut également la voir comme une Florence dont les Machines la ramèneraient 30 ans en arrière. Cet organe reste le point central, qui peut lui servir de seul tremplin pour la montée (Vessel), même si une batterie synthétique vient en renfort. Et elle n’a presque pas besoin de paroles pour que ça tienne debout (Ixode)

Les écoutes ne permettent pas de dégager clairement un ou l’autre morceau au-dessus du lot, même si la pulsation d’un In Your Nature fait tendre l’oreille. Ces variations apparaissent moins en première écoute, c’est seulement quand la connivence s’installe qu’on se surprend à profiter d’une intensité qu’on n’avait pas soupçonné. Il y a peut-être moins de profondeur qu’auparavant, même si la volonté de grandeur est là (Lick The Palm Of Your Burning Handshake)

Ne vous laissez pas refroidir par la diminution du tam-tam, cet album de Zola Jesus est à la hauteur de ce qu’elle a livré jusque maintenant, et même un peu mieux, tant ce Conatus prend de la consistance au fil des écoutes. De ces années 80 tellement proches qu’on les croirait maintenant (crise comprise), certains ont pu capter un esprit et transmettre de froids sentiments. Zola Jesus est de celles-là, on ne peut plus en douter.

http://www.zolajesus.com/
http://www.myspace.com/zolajesus

    Article Ecrit par Marc

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6 Messages

  • Zola Jesus - Conatus 16 novembre 2011 14:36, par Mmarsupilami

    Quand tu parles de "son premier album", c’est "The Spoils" ?

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    • Zola Jesus - Conatus 16 novembre 2011 15:10, par Marc

      Ha non tiens, j’avais pas vu passer celui-là... Il est bien ?

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      • Zola Jesus - Conatus 16 novembre 2011 17:37, par Mmarsupilami

        Je comprends mieux ton propos ! Et je le partage d’ailleurs totalement. Malgré tout, j’aurais vraiment voulu la voir en concert, la Zola. Mais je suis pas disponible le jour de son passage à la Rotonde...

        Non, justement, pour en revenir au premier album, The Spoils, il était quasi autoproduit. Bon album, mais absolument effrayant et souvent au bord de la limite du supportable (c’était hyper "raide", notamment dans la justesse du chant). Et puis, avec Stridulum, c’est devenu vachement plus produit et comme tu le dis très bien elle "retranche sa voix derrière des effets". Et, à force de ressembler ainsi à la Siouxie... Comme tu dis, quoi !

        C’est pour ça que j’avais des difficultés à comprendre l’usage du "son premier album", car le reproche était probablement moins valable pour celui-là. Une des raisons aussi pour lesquelles j’espérais la voir en concert pour l’estimer en prestation "vraie"...

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        • Zola Jesus - Conatus 17 novembre 2011 13:20, par Laurent

          Moi j’aurais tendance à ne même pas considérer "Stridulum II" comme un album. Cet objet bizarre qui compile en fait l’EP "Stridulum" et le plus inaperçu "Valusia". D’ailleurs sur "The Spoils" aussi il y a des bouts d’autres maxis à la fin. Curieuse affaire que tous ces disques réédités à la vas-y-comme-je-te-pousse. Mais bon, ce coup-ci tout est rentré dans l’ordre avec un album vrai de vrai qui peut être considéré à mon sens, si vous suivez toujours, comme son deuxième donc.

          Trêve de chipotage, l’affaire est plutôt réussie, dans la lignée de ces fameux EP’s très Siouxsie donc. Assez d’accord quand tu dis qu’au fond c’est à la limite mieux vu que plus consistant. Il y aura encore des choses à découvrir chez cette artiste qui ne devrait pas planquer comme ça sa voix formidable...

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          • Zola Jesus - Conatus 17 novembre 2011 20:18, par Mathusalem

            L’histoire a de ces détours...Ces fameuses 80’s par exemple, il se pourrait que ce Revival dont on nous prédit le déclin depuis belle lurette perdure autant, si ce n’est plus encore, que la décennie elle -même... Prenons ce Zola Jesus par exemple...Du pur Copier/Coller de Siouxsie...Le pire étant que je ne m’en lasse pas... Etonnant non ?

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            • Zola Jesus - Conatus 21 novembre 2011 15:14, par Marc

              On ne peut parfois que se borner à cette observation : certains le font tellement bien qu’on oublie à quel point c’est référencé (Zola Jesus, The XX), à nous de faire le tri. Mais on peut être certain d’une chose : ces sons-là ne partiront sans doute jamais. Etrange constatation en vérité...

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