mercredi 7 décembre 2011, par
Noël mal à l’aise
On pourra lire par ailleurs la franche admiration que j’ai pour Florent Marchet. Un aspect qui a été peu abordé est sa capacité à mettre légèrement mal à l’aise. C’est flagrant sur scène, et il joue à fond cet aspect kitsch et faussement hautain pour faire ressortir la puissance des morceaux. L’idée même de cet album (il en avait visiblement fait un autre l’an passé) et la pochette reviennent chatouiller délicieusement ce malaise.
L’album de Noël, c’est un exercice à la fois courant (il en sort plein) et pas si couru que ça (ce sont souvent les mêmes et pas les plus reluisants qui s’y collent). Et on peut constater des différences entre les mondes anglo-saxon et francophone. Il semble que la tradition des chants de Noël soit moins vivace ici, et le répertoire moins étendu. De plus, il parait naturel que des artistes aussi peu portés sur l’opportunisme mercantile que Sufjan Stevens ou She & Him alors qu’on imagine mal Dominique A ou Miossec s’y essayer (on ne demande qu’à voir ceci dit).
De façon prévisible, cet album se partage entre morceaux intemporels, créations des autres et créations propres. Dans la première catégorie, il semble que rien ni personne ne pourra rendre supportables Vive Le Vent ou Douce Nuit (qui ici fout un peu les jetons). La solution a été élégamment trouvée pour Petit Papa Noël : il suffisait de supprimer les paroles. On n’échappera donc pas aux vielles scies (La Marche Des Rois ou Petit Garçon) mais tout sur cet album est remis à la sauce Marchet, et on constate au passage qu’il y a une vraie manière reconnaissable. Mais je ne me serais jamais infligé ça pour rire s’il n’y avait autre chose.
Pour quelqu’un comme moi qui n’est pas ferré en chanson française (celle qui devrait s’écrire avec des majuscules), il y a quelques découvertes à faire, à commencer par Joyeux Noël, splendide chanson de Barbara interprétée par Nicolas Martel, sorte de morphing vocal entre Katerine et Marchet. Dit comme ça, on devine qu’il met un peu mal à l’aise également. Excellent casting donc, qui réussit à caser aussi bien Piaf (Les Neiges de Finlande) que Nougaro (Serge et Nathalie) ou Jean-Louis Murat (très beau Noël à la Maison).
Et puis il y a quelques inédits, instrumentaux (Au Pied Du Sapin) ou non. Dijon, 24 décembre rappelle les exercices naturalistes poignants d’Arnaud Cathrine et Florent Marchet. Les Lumières de Noël est une comptine de son cru assez sobre vu le contexte et console de certains autres morceaux plus crevants (voir ci-dessus).
Fallait-il un exercice pareil pour que le talent de Florent Marchet s’impose ? Sans doute pas. Il intrigue (et met un peu mal à l’aise) mais signe un album sur lequel on peut sans doute faire l’impasse si on n’a pas l’esprit (de Noël) mais confirmera que ce garçon ne fait rien comme les autres.
Quoi de mieux pour situer le contexte que le texte de Florent lui-même ?
"Noël : fête religieuse ou païenne caractérisée par un regroupement des cellules familiales autour d’un repas appelé réveillon, le tout emballé dans un magnifique papier cadeau rouge et or…
Noël : moment de magie où les sapins enguirlandés font la joie de nos chers chérubins. Les enfants sont comblés de jouets. Les adultes sous perfusions de dindes veulent croire de nouveau au bonheur, à la paix, au partage…
Parce que Noël, c’est comme la grippe, ça arrive chaque année et on ne peut pas y faire grand chose. Pour un Noël réussi, il faut surtout ne pas trop en demander. Vous devez savoir que 78% des conflits familiaux ont lieu à cette période. Concentrez-vous donc sur l’essentiel : les cadeaux, le sapin, la dinde, la bûche, les chocolats, le champagne et bien sûr Noël’s Songs, l’album qui vous redonnera du baume au cœur.
N’ayez plus peur de Noël, fini ce sentiment anxiogène qui se lit sur vos visages crispés même si on sait que derrière cette fête, ce miracle, ce rêve éveillé, se cache un bien étrange personnage : un homme marié qui n’a rien d’un paisible éleveur de rennes. Il est misogyne, individualiste et tire toutes les ficelles sans aucun scrupule. Cet homme, c’est le père Noël ! Il mène une double vie mais ce n’est pas votre affaire. Concentrez-vous sur l’essentiel : votre tentative de bonheur !
Le Santa Claus Orchestra a décidé de revisiter pour vous les chants à la gloire de cet homme barbu et rougeaud, chants dits de Noël, avec l’espoir de faire la lumière sur ce qui, il faut bien l’avouer, vous rend mélancolique en général un peu avant minuit, quand Papy vous met son fameux Jingle Bells feat R la taupe !
Bonnes fêtes et Joyeux Noël les amis ! (Florent Marchet)
On avait déjà confessé un goût prononcé pour ceux qui abordent la chanson française avec des envies résolument indé. Dans ce contingent, Volin nous avait beaucoup plu et on retrouve son leader Colin Vincent avec plaisir sur ce nouveau projet. Si on retrouve la même propension à garder des textes en français sur des musiques plus aventureuses, le style a un peu changé.
Accompagné de Maxime Rouayroux, (...)
Il arrive qu’on voie débouler un artiste sans rien savoir de lui. C’est un peu ce qui s’est passé avec ce premier album de Matthieu Hubrecht dont on sait toujours peu en fait. Sa musique aussi arrive un peu masquée. On pense d’abord avoir affaire à une chanson française aux sonorités années ’80 mais on remarque vite que c’est plus pointu que ça
L’instant Fragile est dans cette veine eighties, avec une (...)
Les retours d’albums de Miossec nous forcent toujours à nous regarder nous-mêmes. Il y a en effet tant de sincérité chez lui et une constante envie de faire le point qu’on a toujours été poussés à faire de même. On a changé depuis qu’on l’a découvert, on est moins jeunes, moins marrants, plus posés et il y a belle lurette qu’on ne beugle plus ses chansons aux petites heures.
Au niveau des marottes, rien n’a (...)
Il me faut commencer par une confession : j’ai un peu de mal avec les accents québécois trop typés ou le créole en chanson (seulement en chanson, je précise...). C’est comme ça donc cette écoute commençait par un petit handicap. Alors on se lance, histoire de voir si on arrive au bout d’une écoute. Et ça marche, alors on recommence, encore et encore.
Pourquoi ? Parce que le ton pop est parfaitement (...)