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Florence + The Machine - Ceremonials

mercredi 23 novembre 2011, par Laurent

Hénaurme


Il y a des disques dont on ne sait jamais quoi penser, et la deuxième livraison de Florence Welch et sa machine infernale fait sans conteste partie de ceux-là. Si l’on développe les arguments qui font de “Ceremonials” un album à part, il y a de fortes chances que fans et détracteurs s’y rallieront avec la même énergie pour, selon l’humeur, le porter aux nues ou le descendre en flèches. Déjà à l’époque de “Lungs”, premier effort acclamé, le souffle exceptionnel de Florence + The Machine avait aisément divisé ceux qui jugeaient son travail remarquable ou... trop remarquable. Il suffit, pour s’en convaincre, de relire la critique que Marc en avait faite alors.

Sur “Ceremonials”, Florence Welch doit en outre composer avec une nouvelle donne : l’absence d’effet de surprise. De variété, aussi. Là où “Lungs” proposait quelques escapades rock telles que Kiss with a Fist ou Girl with One Eye, son successeur mise tout sur la facette pop baroque largement entrevue par le passé mais poussée ici jusqu’au plus intense maniérisme. Partiellement responsable de cette orientation, le producteur intérimaire Paul Epworth a signé cette fois pour un temps plein et cosigne par ailleurs certains des morceaux les plus chargés. Non, attendez : tous les morceaux sont chargés. Baroque, vous disais-je.

Harpe omniprésente, percussions wagnériennes, chœurs démultipliés : pour sûr, on évolue en territoire connu, et d’autant plus quand on s’est laissé bercer par les audaces soniques d’une Kate Bush. Par-dessus tout, évidemment, il y a l’organe de la rouquine : surpuissant, habité à chaque octave, c’est sans doute une des voix les plus incroyables découvertes ces dix dernières années. Dès Only If for a Night, elle s’impose comme une cathédrale gothique, vertigineuse au point d’en rendre presque mal à l’aise. Shake It Out continue d’en mettre plein la vue, cependant que le plus subtil What the Water Gave Me propose une progression qui ne rend que plus dingue l’explosion hormonale.

Après cet impressionnant trio d’ouverture, “Ceremonials” ne démérite pas mais dispense, peu ou prou, quelques infimes variations sur les mêmes motifs. Never Let Me Go et Seven Devils en sont les versions lentes, No Light No Light et Heartlines offrent une vision panoramique pétaradante, cependant que Lover to Lover se réfugie dans une des chapelles de la cathédrale pour un moment de gospel suraigu. Histoire de donner le change et amener sur l’autel quelque chose d’imperceptiblement différent, Breaking Down explore une veine pop sympathique, quelque part entre Pulp et la variété italienne des années septante (soixante-dix pour notre lectorat à l’export).

Bref, nous voici revenus à la case départ : que faire de toutes ces pièces à conviction en l’absence d’un code officiel du bon goût ? Adresser simplement au lecteur l’avertissement évident qu’on peut être ou non client de cette musique « hénaurme » qui exhibe son savoir-faire avec une relative ostentation et surligne les émotions sans prendre pour autant les cœurs en otage. Pour ma part, les écoutes répétées m’ont amené à la conclusion que les chansons étaient largement à la hauteur de l’engouement suscité, certaines valant même leur pesant de pépites. Tout en ménageant la chèvre et le chou, on n’est pas non plus obligé de bouder son plaisir. Vous aurez compris que le mien est coupable, mais total... alors à quoi bon se mentir ?


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