Accueil > Critiques > 2012

mmpsuf - Retina

vendredi 17 février 2012, par marc

Nappes baltes


Bien honnêtement, vous auriez pensé un jour aller chercher l’inspiration dans les artistes Baltes ? Pourtant, après la claque Alina Orlova, on savait qu’il y avait du bon en Lituanie. Confirmation avec ce duo qui pratique un genre assez éloigné du piano-voix d’émotion.

La réussite de ce genre de musique électronique mais à voix féminine (meilleure classification) tient à l’alchimie entre les deux éléments. Dans le cas qui nous occupe, on peut dire que l’ensemble fonctionne à plein, et que le résultat est hypnotique à souhait. Si vous avez aimé les délires folk electro organiques de Fursaxa et si vous voulez une idée de ce qu’aurait pu être le trip-hop s’il était né dans le nord à notre époque (The Winds), Mmpsuf est une découverte. Sans doute pas révolutionnaire, mais qui s’impose écoute après écoute comme un agréable compagnon de route, tout en hypnose et voix en couches (God’s Retina), passant comme un ressac entêtant, et pouvant passer sans lassitude plusieurs fois par jour dans des oreilles toujours curieuses.

La voix de la chanteuse est belle et traine un étrange accent (mais bon, on s’est habitués à Björk depuis plus de 15 ans). Pour rester dans les environs de la Baltique, j’ai pensé à Kristin Dreijer. On se dit alors qu’on pourrait voir Mmpsuf comme un The Knife champêtre, sans la très poussée recherche de sons. Et quand elle ne bénéficie que du support d’une guitare acoustique (The Rooms), elle se révèle plus ample, plus affirmée. J’aime ces voix qui savent qu’elles n’ont pas à en remettre des pelles pour séduire.

Si à ce stade de la lecture vous voulez en savoir plus, j’ai gardé la meilleure nouvelle pour la fin : cet album est disponible en téléchargement gratuit sur leur site. Alors, un peu sur ma faim après trente minutes de musique, je m’en suis allé télécharger leur première production. C’est ce que je vous conseille de faire aussi, même si le résultat est plus froid, éthéré et globalement moins fascinant. C’est donc en tant que supplément que je peux le recommander. Parce que ce Retina est plus abouti, et ce groupe venu de nulle part est une de mes découvertes de ce début d’année.

http://www.mmpsuf.lt/
http://www.myspace.com/mmpsufmusic

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Parquet – Sparkles & Mud

    Alors que la technologie tente depuis très longtemps d’avoir des équivalents numériques à tous les instruments qui existent, la démarche de certaines formations va dans le sens opposé. Certes, c’est parfois anecdotique quand certains se présentent comme fanfare techno (Meute) mais dans le cas qui nous occupe, la force de frappe est indéniable.
    Parquet a été fondé en 2014 par Sébastien Brun qui a déjà (...)

  • Odyssée - Arid Fields

    La nature est un décor, certes, mais pour beaucoup de musiciens, c’est un contexte, voire une inspiration. On se souvient par exemple des expériences Echolocation d’Andrew Bird ou des prestations au grand air de Kwoon, la liste étant loin d’être exhaustive. Odyssée est Edouard Lebrun et, installé dans un chalet des Alpes depuis 2020, il a développé un système de synthétiseur auto-alimenté qui lui (...)

  • Sébastien Guérive - Obscure Clarity

    On avait déjà croisé le chemin de Sébastien Guérive, apprécié cette sculpture sur son qui dégage une majesté certaine mais sans grandiloquence. Cet album ne fait que confirmer et appuyer cette impression.
    C’est le mélange d’organique et d’électronique qui est la plus grande réussite, ce qui permet à la fois de ménager l’émotion et de garantir une pulsation basse, cardiaque qui n’est pas un ajout de beats a (...)

  • Edouard Ferlet - PIANOïD²

    L’EP sorti l’an passé nous avait déjà signalé le talent et la singularité d’Édouard Ferlet. On rappelle donc la singularité de son procédé. Il utilise deux pianos dont un mécanique piloté par une machine semble dialoguer avec celui qu’il manipule en direct. Ce pilotage crée un dialogue, indéniablement, mais s’il permet de se laisser surprendre, il faut tout de même une sacrée maitrise.
    Pas de souci à avoir, (...)