vendredi 19 octobre 2012, par
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Par habitude, je reviens rarement sur des albums anciens, j’écris peu sur ce qui n’est pas récent. Parce que même si le recul ajoute beaucoup de pertinence, se donner la liberté de revenir indéfiniment sur une quantité disque forcément croissante donne un peu le vertige. C’est pourquoi je n’ai jamais parlé de Godspeed You ! Black Emperor, même si au moins deux de leurs albums figurent parmi mes préférés absolus. Donc, je m’étais résigné à ne jamais en parler, sachant de plus qu’ils avaient splitté il y a dix ans et que je ne les avais pas vus lors de leur dernier passage en Belgique pour cause de choix cornélien. Rassurez-vous (je sais que vous êtes très inquiets), j’ai ma place pour leur prochain arrêt en notre riant royaume et voici un album tout neuf que personne n’attendait vraiment.
Si on considère que Mogwai frise une perfection bien ennuyeuse, que le dernier Sigur Ros peine à susciter de l’émotion (sauf si le sommeil est émotion), que Mono a le romantisme moins percutant et que leurs comparses du label Constellation Silver Mt Zion a trouvé un son mais pas encore les morceaux pour le transcender, cet album sorti de nulle part peut faire naitre des craintes légitimes. On n’est plus en 1997, le paysage musical a radicalement changé et nous aussi, et puis les morceaux hors-normes des Canadiens semblent échapper aux contingences de la critique. Car soyons honnêtes, l’émotion extrême suscitée s’accompagne parfois de longueurs. Mais il y a cette aura, cette classe impalpable. Pour faire ce genre de musique dont beaucoup se sont inspirés, il faut le faire mieux, le faire plus fort, et c’est la mission de cet album. Il y a d’autres artisans maintenant. On a dit tout le bien qu’on pensait de Mount Eerie par exemple, mais ici on touche à une forme plus pure, plus intransigeante.
D’un point de vu structure, cet album est limpide, deux morceaux qu’ils jouent depuis un petit temps en concert, renommés Mladic et We Drift Like Worried Fire pour l’occasion et frôlant les 20 minutes entrecoupés de deux plages plus drone, donc encore plus arides. Amis du riff qui tue, du gimmick amusant et de la chanson courte, passez votre chemin. On retrouve toujours ces couches de violon, de guitare, de batterie, ce maelstrom qui semble inarrêtable, une conscience politique qui transparait dans les titres, et une aura indéniable. Mais ce n’est pas aussi sombre que sur F∞A∞, moins suffocant.
Il faut absolument écouter chaque morceau d’une traite. Si on vient vous parler pendant Mladic (un des hauts faits du genre cette année sans doute aucun), recommencez, parce que ces montées sont lentes, impitoyables. Ce ne sont pas les monts flandriens raides et pavés, ce sont des cols des Dolomites, tortueux et interminables, ceux dans lequel la légende se forme. Et quand on a l’impression de voir le sommet, la route s’élève encore. Il faut attendre le final pour qu’ils placent une accélération fatale. Assez pour assurer le maillot, mais sans doute pas pour en faire une échappée d’anthologie. Il n’en reste pas moins que pour un groupe aussi vénéré, la moindre publication est un risque. Mais que les fans se rassurent, ce n’est pas cette fois-ci qu’ils auront à courber l’échine.
http://www.myspace.com/gybeconstellation
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