mercredi 2 janvier 2013, par
Le mieux de ce que j’ai préféré
Cette année encore, je ne vais pas faire semblant de ne pas aimer l’exercice des bilans. Tous les douze mois, on peut légitimement jeter un coup d’œil dans le rétroviseur et tenter de rassembler ses meilleurs (ou pas) souvenirs.
Alors, une bonne cuvée cette année 2012 ? Assurément, oui, même si j’avoue qu’à de rares exceptions près, c’est-à-dire les années où on découvre des compagnons pour longtemps (2005 pour moi), elles se ressemblent un peu toutes d’un point de vue qualitatif puisqu’il y a toujours des découvertes, des confirmations et des déceptions. Et comme chaque fois, plein de retours gagnants ou moins.
Commençons par ceux qui n’ont plus convaincu. On n’attendait certes pas grand’ chose de Vitalic, mais je ne m’attendais pas de passer complètement au travers d’albums comme ceux des Shins, Efterklang ou Choir Of Young Believers, dont les albums m’ont semblé bien lisses.
Il y eut aussi plusieurs retours un peu en retrait, comme Frida Hyvönen, Mono ou Benjamin Biolay, qui ne sont pas parvenus à maintenir leur très haut niveau sur tout un album. Comme d’autres, ils devaient donner une suite à un ou plusieurs albums brillants et on attendra donc sagement la suite, sachant qu’on les tient toujours en haute estime. Get Well Soon, Regina Spektor, Shearwater, Animal Collective, Bat For Lashes ou Andrew Bird restent des valeurs sûres qu’on suit avec un intérêt qui ne décroit pas, même si on admet du bout des lèvres qu’ils ont pu être encore plus brillants ou constants. The XX ou Grizzly Bear sont aussi fidèles au poste, et ont bien tenu le cap malgré une attente élevée.
Et puis certains se sont transcendés, comme Dominique A qui pousse encore son art plus haut, ou les Tindersticks qu’on n’attendait pas à pareille fête après 20 ans de bons et loyaux services. Tout comme Fanfarlo qui a réussi à s’extirper de l’encombrant sillage d’Arcade Fire. A propos, on avait vu venir de loin le succès d’Of Monsters and Men, même si leur succès commercial a dépassé l’attente. On ne sait jamais sous quel nom vont ressurgir les deux comparses de Wolf Parade Spencer Krug et Dan Boeckner. Cette année, le premier s’est allié à une formation finlandaise (Sinai) pour le nouveau Moonface tandis que l’autre a choisi le leader de Spoon (Britt Daniels) et créé The Divine Fits.
Et puis il y a cet indispensable puits de découvertes, ceux qui sont surgis de nulle part, celles qui maintiennent la passion, qui viennent prendre les places laissées vacantes. Cette année, les polisseurs de sons du moment sont The Bright Road, Mount Eerie, Exitmusic ou Porcelain Raft. Et puis le folk ample de River Whyless m’a aussi beaucoup plu. Comme souvent d’ailleurs, il est difficile de cerner des tendances, tant tout semble être possible, tant les niches se multiplient. Tant mieux pour l’offre toujours croissante, mais c’est au détriment de la plus élémentaire lisibilité. Plus que jamais, c’est vous qui décidez, et on ne peut se borner ici que de commenter et conseiller en toute partialité, en toute subjectivité.
Au niveau de l’activité de ce site d’ailleurs, ce fut une année assez calme, avec un rythme de publication assez conforme à ce que j’ai fait les années précédentes. Ce qui a donné 100 articles (hors concerts) traitant de 112 albums ou EP (j’ai dû écouter le double), dont 100 ont reçu une note étoilée. Pour l’anecdote, il y eut un seul ‘5 étoiles’ qu’on retrouve logiquement au sommet de mon classement, 32 ‘4 étoiles’ qui constituent le gros du contingent ci-dessous. 59 qui se sont vus gratifier de 3 étoiles et 8 seulement sont dans la catégorie inférieure des ‘2 étoiles’. Pour la suite, tout dépendra de ma motivation à passer autant de temps à vous écrire. Sans doute que l’interface sera un peu retouchée. Toute suggestion ou critique est bienvenue, ce site est aussi le vôtre.
Ce classement ne surprendra pas ceux qui passent ici régulièrement. Et encore moins ceux qui nous suivent depuis longtemps (les six premiers sont récidivistes, tout comme 7 autres). Voilà donc 31 albums que je retiendrai de cette année. Roulement de batterie. On reprend son souffle et on se lance :
31. Tu Fawning - A Monument C’est pop parce que ça ’écoute facilement, c’est complexe parce qu’on est incapable de le décrire valablement, et ça vient de Portland, Oregon parce que c’est un gage de qualité presque suffisant. | |
30. Moonface - With Siinai : Heartbreaking Bravery Pas de classement de fin d’année sans album de Spencer Krug (Wolf Parade, San Lake, Sunset Rubdown...). Il est allé chercher une formation finlandaise pour cet album sombre, synthétique et opressant. Let Your Cheek On Down est un des morceaux crépusculaires de l’année | |
29. mmpsuf - Retina Après Alina Orlova, la seconde petite merveille de Lituanie est un duo electro tout en atmosphère, qui fait revivre le spectre du trip-hop en la mâtinant d’âme slave. | |
28. Divine Fits - A Thing Called The Divine Fits Britt Daniels de Spoon à ma gauche, Dan Boeckner de Wolf Parade et Handsome Furs à ma droite, la rencontre promettait d’être tendue et au cordeau. C’est exactement ça qui se passe. Deux talents pour un bien bel album | |
27. Isbells - Stoalin’ Pour se démarquer des comparaisons avec Bon Iver du premier album, Isbells a encore plus poli ses harmonies, son écriture et sa subtilité. Le résultat est d’une douceur extrême et fond dans l’oreille. | |
26. Bat For Lashes - The Haunted Man Il aura tout de même fallu deux excellentes prestations en concert pour que cet album plus terne d’aspect se révèle. Natasha Kahn ne se rate jamais, c’est une certitude, et Laura continuera longtemps à nous hanter. | |
25. Calexico - Algiers Il faut être plus patient avec Calexico, parce qu’ils ne veulent pas se résumer à un gimmick mariachi. Les morceaux sont donc plus subtils et toujours aussi attachants. | |
24. Liars - WIXIW Taper comme des furieux sur des futs, faire revivre la fureur de Birthday party, ils savaient faire. Devenir subtils sur leur album electro, on l’attendait moins. Liars est le seul groupe qui change de style à chaque fois et réussit toujours. | |
23. Porcelain Raft - Strange Weekend On ne le répétera jamais assez, il faut de bons morceaux pour faire de bons albums. Et ici, ils sont habillés de façon moderne puisqu’indéfinissable. On aura tous les ans de bonnes surprises comme celle-ci. | |
22. Fanfarlo - Rooms Filled With Light Suivre Arcade Fire en (forcément) moins bien ou lisser le son, voilà ce qui nous a fait perdre de bons groupes et aurait pu perdre Fanfarlo. Mais ils ont balayé ces obstacles pour se révéler encore meilleurs en visant plus haut (Talking Heads ?) | |
21. Exitmusic - Passage La sculpture sur son et les voix noyées sont une des grosses tendances de cette année. Heureusement, le duo Exitmusic ne suit aucune tendance revivaliste, ce qui rend leurs purs moments d’intensité plus touchants encore | |
20. Francis Cabrel - Vise Le Ciel On savait l’admiration de Cabrel pour l’oeuvre de Dylan. On n’avait pas prévu qu’il réussisse aussi bien la transposition. Il a retourné la discographie du maitre dans tous les sens pour constituer une sélection étrange et attachante. | |
19. Dan San - Domino Eux aussi ont une progression continue. Les Liégeois misent sur une force tranquille à la Midlake et sont vraiment au point en concert. | |
18. Tindersticks - The Something Rain 18 ans après les avoir découverts, on n’attendait plus des Tindersticks que des albums corrects qui servent d’accompagnement à la voix de Stuart Satples. On n’a donc pas vu venir cet album sensuel et moite. La patience est souvent récompensée. | |
17. Menomena - Moms Le trio de Portland est redevenu un duo et a décidé de jouer sur ses forces, sur une rythmique toujours en avant et sur une inventivité qui ne semble jamais se tarir | |
16. Barbara Carlotti - L’Amour, L’Argent, Le Vent En progressant d’album en album, Barbara Carlotti a atteint un des sommets francophones de l’année. La voix est superbe et la musique dense. Que demander de plus ? | |
15. Animal Collective - Centripede Hz Non, Animal Collective n’est plus le groupe le plus copié de l’époque, mais plus loin du bruissement de la hype, ils continuent à défricher inlassablement et à nous donneur leur version brillante de ce qu’est la modernité. | |
14. The Bright Road - Norway C’est une certitude, le Canada n’arrêtera jamais de nous livrer des découvertes touchantes. Ce Québécois a en tout cas la délicatesse et le talent justes. | |
13. Godspeed You ! Black Emperor - Aallelujah ! Don’t Bend ! Ascend ! Mais d’où sort-il, celui-là ? On nous avait annoncé le volcan éteint depuis tellement longtemps qu’on ne peut que louer cette nouvelle éruption. | |
12. Andrew Bird - Break It Yourself Il a fallu un peu plus de temps et un excellent concert pour tout à fait apprécier cet album. Andrew Bird n’est pas seulement un musicien, mais un véritable créateur de musique | |
11. Ramona Falls - Prophet La division cellulaire de Menomena s’est bien déroulée, et Brendt Knopf a hérité du clavier, du violon, et réussit sans coup férir a apporter sa patte à cette musique moins hachée que par le passé mais toujours passionnante. | |
10. Patrick Wolf - Sundark and Riverlight En revisitant sa discographie en mode acoustique, on découvre encore mieux la voix magnifique de Patrick Wolf qui place sa virtuosité à son vrai niveau, celui d’Owen Pallett et Andrew Bird | |
9. Mount Eerie - Ocean Roar Ce second album de l’année ne laisse plus de place au doute, l’Américain Phil Elverum a su créer son propre univers, dans lequel on s’abandonne d’autant plus volontiers qu’il s’appuie sur des morceaux forts, voire terrifiants. | |
8. Mount Eerie - Clear Moon Premier avertissement, Clear Moon nous a mis face à un genre presque nouveau, devant autant au son très épais d’un post-rock buyant (type This Will Destroy You) qu’à la délicatesse d’écriture et d’interprétation de Loney, Dear. | |
7. River Whyless - A Stone, A Leaf, An Unfoud Door On ne sait pas ce qu’on préfère chez eux, la rigueur d’un songwriting classique ou l’ampleur des digressions instrumentales. Ou alors est-ce tout simplement la fusion des deux qui donne un album passé inaperçu mais vite indispensable. | |
6. Regina Spektor - What We Saw From The Cheap Seats A part deux titres qui me plaisent moins, il y a toujours chez Regina le pouvoir de nous emballer en trois notes, la faculté d’embraser All The Rowboats, à susciter de l’émotion à partir d’un faux délire. | |
5. Get Well Soon - The Scarlet Best O’ Seven Heads La pop symphonique complexe de Get Well Soon s’éloigne de plus en plus de l’éclectisme des débuts pour livrer une forme très aboutie, sans doute plus proche de ce que le petit génie Konstantin Gropper a en tête. On va le suivre, encore et encore. | |
4. The XX - Coexist Sur le papier, avec ses rythmes lymphatiques, son ton désespéré, ses voix désabusées, The XX fait de la pure musique de gueule de bois. Pourtant, ils vont chercher dans leur minimalisme l’essentiel, et trouvent une émotion insoupçonnée. | |
3. Grizzly Bear - Shields Admirer Grizzly Bear est devenu presque un cliché, pourtant on passe de pépite en merveille tout au long de ce Shields, et cette bande-là sait nous garder tout près des étoiles, nous émerveiller avec une facilité déconcertante. | |
2. Shearwater - Animal Joy D’accord, ils ont changé de label pour prendre un virage plus rock. OK, le line-up a considérablement changé. Mais tant que Jonathan Meiburg maintiendra le cap, tant que sa voix magnifique dirigera les débats, on sera là, toujours. | |
1. Dominique A - Vers Les Lueurs C’est apparu très tôt comme une évidence, Dominique a placé la barre d’emblée très très haut. En plus, il a eu le bon goût de montrer dans un concert en deux parties qu’il pouvait à la fois revisiter intelligemment ses débuts et déployer une section de cuivres sur scène pour un résultat puissant et subtil. On gardera longtemps cet album parfait de bout en bout. |
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