mercredi 6 février 2013, par
On y croit
Il faut que je vous fasse une confidence, je n’ai jamais cru aux fantômes, je ne pense pas rencontrer un jour un vampire ni un loup-garou. Pourtant, il m’arrive volontiers de me laisser prendre dans les filets d’une histoire qui met en scène ces créatures. Pourquoi ? Parce qu’un auteur peut avoir la force narrative nécessaire pour trouver une cohérence, nous faire naviguer dans un univers imaginaire. On pourra ainsi relever les incohérences d’un scénario, même si c’est le postulat de départ qui pourrait sembler aberrant.
Pour que ça marche, il faut qu’on y croie, qu’on nous donne des raisons de croire. Et les artistes ont cette capacité. Certains du moins. A ma gauche, Lisa Germano et Ian Curtis. A ma droite, Indochine et Marylin Manson. Indépendamment des qualités musicales intrinsèques, on ne croit pas plus aux affres adolescentes quinquagénaires du premier qu’au satanisme du second. Dans l’absolu, je ne suis pas persuadé que Lisa soit dérangée, comme je ne pense pas que l’existence de Marrissa Nadler soit constellée de deuils (je l’espère pour elle du moins). Mais elles arrivent à nous transporter dans leur univers et on s’y sent bien.
D’ailleurs, il semble que Lisa veuille nous emmener de plus en plus loin avec elle. On n’est plus dans l’introspection acerbe de Geek The Girl, mais dans une forme encore plus cohérente, qui fait cohabiter la lumière et l’ombre. La voix est un peu… exigeante quand elle est poussée plus haut (le bien nommé Haunted) et l’auditeur pourra être pris à froid avec Ruminants. A l’opposé, le piano est toujours aussi magiquement mélodique, ce qu’elle prouve notamment sur le final lumineux et fulgurant Strange Bird. Il va de soi qu’avec une progression pareille, seuls les habitués retrouveront facilement leur chemin.
Les intermèdes musicaux sont là, comme toujours, et apportent du liant, se fondent dans la matière de l’album. Notons aussi des ajouts perturbants (et pénibles, convenons-en) de grésillements d’ondes gsm. Soyez prévenus avant de mettre spontanément la main à votre poche.
Il faut le dire, je ne vais pas toujours spontanément vers les albums de Lisa Germano. Mais à chaque fois, absolument chaque fois, je replonge dans ce monde cotonneux, à la fois très familier et rassurant et un peu anxiogène aussi. Lisa a su garder cette part de mystère, ce secret de fabrication qui fait qu’on y revient, encore et encore. Parce qu’on y croit, parce qu’on a envie d’y croire.
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