samedi 30 mars 2013, par
Intensité muette
Du violon, de la batterie et de la guitare, que faut-il de plus ? Non, Filiamotsa ne ressemble pas trop à Godspeed si cette légitime question vous venait. Si vous cherchez des affinités, il faudra plutôt regarder du côté du projet Nox de Catherine Graindorge. Plus éloigné dans la géographie, le temps et le résultat, un projet comme Morphine pourrait être appelé en renfort du critique en danger (c’est moi). Là où les chicagolais utilisaient un sax alto et une basse à deux cordes pour créer du rock, les français utilisent une batterie et des violons pour transcrire leur fureur.
Ce qui rend la fin de Zittern est tout à fait intense, avec ces riffs de violon et de guitare appuyés par une batterie nerveuse. On était parti pourtant sur un morceau grinçant, un peu exigeant, et cette progression vers la lumière et l’émotion est une belle analogie pour cette musique qui réservera ses surprises aux auditeurs les plus perspicaces.
Il a trainé sur le web une version instrumentale du formidable premier album de Foals. Et même si les anglais ne sont pas connus pour tout miser sur leurs vocalises, c’était tout de suite moins bien. Ce que je veux illustrer, c’est que la musique ne se suffit pas toujours à elle-même. Mais quand il n’y a pas d’accord parfait, l’ajout de voix peut déforcer l’ensemble. Donc, dans le cas qui nous occupe, les textes me semblent dispensables. Parce que leur absence ne serait pas dommageable, ensuite parce que leur abstraction et leur caractère poétique solennel ne me touche pas.
S’il existe une version purement instrumentale, je signe à deux mains. La voix (et l’emploi de l’anglais) est en tout cas plus à sa place sur le très anguleux 4QSO qui ressemble un peu à du Wire égaré sur le label Constellation (ce qui devrait donner envie, non ?).
Dès qu’ils prennent un peu d’ampleur sur Montroyal, c’est tout de suite mieux. Tour comme on aime beaucoup leur belle façon de s’appuyer sur un roulement de batterie pour que les Chiens Déguisés se déchaînent. Las, le chant pointe son museau, et l’enthousiasme s’écorne à l’écoute de ce message anticapitaliste de base déclamé de façon motivée mais lassante. Je m’en veux un peu d’insister autant mais pour mesurer mon désarroi, imaginez Daniel Cohn-Bendit faire intrusion au milieu d’un morceau de Godspeed. Mais cette musique est tellement prenante, tellement au milieu de ce qu’on aime qu’on est tout prêts à pardonner. Une mauvaise idée peut vraiment gâcher beaucoup mais jamais tout. C’était la réflexion philosophique du jour, vous pouvez refermer vos cahiers.
http://filiamot.free.fr/
http://filiamotsa.bandcamp.com
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