Accueil > Critiques > 2003

Renaud : Tournée d’Enfer

vendredi 11 août 2006, par marc


Il est là, il est revenu et content de l’être. On l’avait perdu de vue, il avait sombré dans l’alcoolisme, la dépression et sa femme était partie. Pas drôle direz-vous. La situation semblait d’autant plus compromise que son talent et sa voix n’étaient plus que l’ombre de ce qu’ils étaient avant, disons, Putain de Camion (1988 quand même). Et c’est l’an passé que ce Boucan d’enfer est paru, marquant la renaissance de l’homme et le retour du chanteur. On l’a revu avec tant de plaisir que finalement, on a fait passer pour meilleur qu’il ne l’est cet album.

C’est que Renaud a toujours une cote d’amour certaine auprès de son public. On en avait besoin et c’est à cette occasion qu’on s’en est rendu compte. Si on pouvait penser qu’il serait remisé à tout jamais dans le souvenirs adolescents, on est bien obligés d’avouer qu’il est bien plus que ça, une des valeurs sûres de la chanson française. Ce qui pourrait à la limite paraître péjoratif finalement, avec tout ce que ça comporte d’intouchabilité, de parti pris et de déférence ennuyée.

Mais il est temps d’en parler : que trouve-t-on sur ce double live, passage obligé à ce niveau (pensons à Goldman) pour combler l’attente entre deux albums studios ? Si je compte bien, il s’agit du sixième album du genre pour le sieur Séchan et je suis toujours surpris de la connaissance parfaite du public des paroles, que ce soit des morceaux plus anciens ou des nouveautés. De nouveautés il n’est pas tellement question finalement (7 des 24 titres présents) et on constate que c’est son fonds de commerce qui plaît. Car à côté des deux singles imparables (avec-vous constaté le lieu commun qui veut qu’un single soit imparable) et le thérapeutique Coeur perdu, il faudra attendre pour voir ce que la postérité retiendra des morceaux récents. On pourrait même distinguer dans les paroles de Mon bistrot préféré une autocélébration et une intronisation dans les gotha des artistes français du vingtième siècle même si beaucoup ont été de véritables amis.

Mais on voit quand même une certaine lucidité à ne pas retenir moins de titres des pas bien terribles Marchand de cailloux et A la belle de mai. Ce sont finalement les classiques qui donnent corps à ce live. Une autre particularité (volontaire ?) est que cet album ne fait que peu de doublons (à part les incontournables) avec les exercices du genre précédents. On dira donc que c’est un agréable retour et dont le mérite le plus grand sera de nous faire replonger dans le répertoire de Renaud avec d’autant plus de délice qu’on se rend compte que, mine de rien, toutes ses chansons nous habitent. N’ayez pas peur d’être ringards, Renaud est grand. (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Nicolas Jules – La Reine Du Secourisme

    Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? Practice makes perfect, tel est le dicton dans une langue non pratiquée par Nicolas Jules. Mais force est de constater qu’il le met en application avec un rythme de publication quasi annuel qui voit son œuvre se polir et se distinguer. Il se situe pour cet aspect-là dans le sillage du regretté Murat.
    Une musique n’est pas parfaite quand il n’y a rien à ajouter mais quand il (...)

  • Beyries - Du Feu Dans Les Lilas

    Honnêtement, on l’a vu venir cet album. Inconsciemment, on l’a espéré aussi. Si Encounter avait vraiment plu, c’est le seul titre en français qui avait le plus marqué. On avait retenu le nom, et le temps a passé. Quand Du Temps a été lancé en éclaireur, l’échine s’est serrée immédiatement.
    On avait détecté sur l’album précédent une tendance à produire des morceaux soyeux mais occasionnellement lisses, c’est (...)

  • Bertier – Machine Ronde

    L’essoufflement est un phénomène bien connu en musique. Un des mécanismes pour le contourner est de s’entourer. Autour des deux membres fixes du projet (Pierre Dungen et Lara Herbinia), il y a toujours eu une effervescence créative, ce qui leur permet non seulement d’évoluer mais de présenter avec ce quatrième album une sorte de synthèse et leur opus le plus abouti et enthousiasmant.
    Chanson (...)

  • Louis Arlette – Chrysalide

    Si on ne connait pas encore très bien Louis Arlette, on peut dire que le patrimoine a une grande place dans sa vie. Après avoir revisité le volet littéraire sur un EP de mise en musique de poésie française, les thèmes de ces morceaux vont chercher des allusions historiques. Mais le ton a changé, radicalement. Si l’EP se voulait iconoclaste et l’était peu (ce qui n’est pas un problème en soi, (...)