Accueil > Critiques > 2013

Mick Harvey - Four (Acts of Love)

dimanche 14 juillet 2013, par marc


La gratitude est un sentiment tenace. Même s’il s’était fait discret depuis plusieurs années, on doit tellement à Mick Harvey qu’on lui est reconnaissant de nous revenir de temps en temps. Les reprises de Gainsbourg sont évidemment encore dans toutes les mémoires mais il y a eu des choses plus profondes, qui marquent encore plus durablement. La simple évocation de Ghost of The Civil Dead a un effet érectile sur mes poils de bras. On retrouvait sur cette BO la bande habituelle, Anita Lane, Blixa Bargeld et Nick Cave.

A l’instar de celui du crooner crépusculaire d’ailleurs, le retour de Mick Harvey est tout de suite familier. Le rock sombre et intense fait toujours recette. La voix n’est pas celle de Nick Cave, certes, mais elle est complétement en place. Et suffit pour certains morceaux pourtant peu luxuriants. Cet album présente plusieurs reprises mais qui s’inscrivent tellement dans la continuité du reste qu’il faut consulter les notes pour les débusquer.

Dans les parties instrumentales, on se rappelle à quel point il excelle dans l’installation d’ambiances. On pense sur le Where There’s Smoke (Before) aux magnifiques musiques pour des films que personne n’a vu comme Alta Marea. Et il peut même se révéler un grand siffleur pour relever Midnight In The Remparts.

Il reste aussi des passages qui rappellent que l’environnement sonique de Mick n’est pas des plus pop et faciles. Ce qu’il fait du Summertime In New York vire un peu à la scie, mais on est à des kilomètres de ce qu’ont pu faire tous les membres de cette bande. Qui dit ‘art et essai’ dit aussi parfois ‘erreur’. Mais c’est tout à fait marginal, parce que ce qu’on retrouve surtout, c’est du rock sombre et racé (The Story Of Love des Saints), pétris de classe (Glorious) et parfois très épurés et relevés d’une science du son certain comme le The Way Young Lovers Do de Van Morrison.

Voilà un de ces albums qu’on se procure en période creuse parce que le nom rappelle de bien beaux souvenirs et on se fait happer comme si de rien n’était, on replonge comme il y a quinze ans et c’est toujours aussi bon.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Soap&Skin - Torso

    On ne peut pas dire que l’exercice de l’album de reprise soit notre préféré. Si c’est amusant à petites doses, l’aspect presque toujours hétéroclite de reprises diverses par un.e artiste ou de rerpises d’un.e artiste par une multitude est souvent rébarbatif. Mais avec une forte personnalité musicale établie avec parcimonie lors de ces 15 dernières années, on savait que la cover était un des (…)

  • The Cure - Songs of a Lost World

    ’Cette année c’est la bonne’. C’est ce qu’on s’est dit quelques fois avant d’abandonner l’espoir d’un nouvel album de The Cure. Lequel n’était même pas indispensable, on les sait toujours capables de longues tournées de longs concerts de longues chansons. Et puis l’intégrité de la bande de Robert Smith, pronant le ticket pas cher à l’heure des prix dynamiques ou privilégiant les longues intros (…)

  • Tindersticks – Soft Tissue

    Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
    Cet album ne (…)

  • Nick Cave and The Bad Seeds – Wild God

    La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)