Accueil > Critiques > 2013

Sigur Ros - Kveikur

mercredi 31 juillet 2013, par marc

Réveil


On l’a déjà dit mais ça vaut la peine de le répéter, en sus des quelques albums dont un article se fraye un chemin jusqu’à vous, il y en a un paquet d’autres qui suscitent quelques lignes avant de se retrouver dans la corbeille faute d’inspiration (ou de temps, aussi).

Parmi ces albums qui n’avaient pas réussi à m’inspirer des notes suffisamment étayées, il y avait Valtari de Sigur Ros. Il faut dire que j’ai découvert cette formation plutôt sur le tard, à la faveur de leur atypique Með suð í eyrum við spilum endalaust. Evidemment, j’ai découvert le reste, évidemment, j’ai adoré ça. Mais l’album de l’an passé m’avait inspiré un ennui même pas poli. Plutôt que vexer inutilement des fans et me noyer dans ma subjectivité, je m’étais donc abstenu (geste à répéter plus souvent, sans doute).

Après quelques secondes de Brennisteinn, on sait qu’on n’est plus dans cette musique de lemming juste avant le suicide collectif. Il y a une vibration intérieure, une force qui s’allie de façon assez naturelle à la subtilité toujours là et un chant, bon, qu’on connait et qu’on a appris à apprécier. Ce premier morceau est la certitude qu’on reviendra souvent sur cet album, qu’on trouvera toujours un moment d’enchantement. Il dispense vraiment beaucoup de charme, et surtout une force de tous les instants.

Ce n’est pas vraiment du post-rock dans l’acception orthodoxe du terme. C’est de la musique rêveuse, impression encore augmentée par la voix très haut perchée de Jonsi. Et puissante, parce que quand ils veulent vraiment prendre l’air, ça décolle sans le moindre effort apparent.

Il ne suffisait pas d’accélérer le tempo pour que la machine Sigur Ros se remette en route. D’ailleurs, la formation Islandaise peut abattre une carte maitresse : l’art de la pause. Il n’y a qu’à voir comment ils laissent tranquillement reposer la fin de Hrafntinna sur un lit de cuivres pour que le dense et compact d’Isjaki puisse repartir. Dans l’absolu, c’est un morceau plus classique, qui n’a pas de structure très complexe. C’est le son, cette unique superposition qui fait la différence, qui permet de soutenir la voix de Jonsi.

Ca ne marche pas à tous les coups, Stormur étant un peu plus terne. Mais, situé en milieu d’album, il n’est qu’un répit avant de meilleures choses qui arrivent dans la foulée. L’inquiétant et plus électrique Kveikur ou la terrible résurgence de Rafstraumur par exemple, qui nous rappelle pourquoi on a été subjugués par ce groupe. On avait craint il y a un peu plus d’un an que cette mythique formation avait perdu son souffle et le départ du pianiste Kjartan Sveinsson n’avait pas été vu comme un bon signe. Il n’en est rien, comme cet album brillant vient de le démontrer.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Midas Fall - Cold Waves Divide Us

    Il ne nous est jamais arrivé de penser qu’une voix manquait à des morceaux. Même quand Albin de la Simone a jeté sur un album instrumental ce qui est devenu plus tard de ’vraies’ chansons, l’élément vocal ne semblait pas indispensable. Dans le cas de Midas Fall par contre, le chant a toujours semblé de trop, redondant par rapport à la majesté du post-rock qui l’entoure. On aborde donc cet album en (...)

  • Séance de rattrapage #121 - Carmen Sea, Chris Garneau, Chistine (...)

    Carmen Sea – Sorry (EP)
    Parmi les inspirations étranges, le quatuor parisien Carmen Sea en a une qui détonne. Cet EP est en effet basé sur un accident routier qu’ils ont subi un soir de retour de concert. Ils s’en sont sortis indemnes et avec une énergie qui les a poussés à relater tout ça sur cet EP. Enfin, quand on dit ‘relater’ tout est relatif parce que la musique est essentiellement instrumentale. (...)

  • Explosions in the Sky - End

    Même si tous les styles et mélanges potentiels coexistent actuellement, force est de constater que certains ont perdu de leur vigueur. Très présent en nos colonnes il y a plusieurs années, le post-rock s’est fait plus rare. Et pas à cause d’un revirement de nos goûts, c’est l’offre qui s’amenuise. L’effet positif sans doute, c’est que les sorties ont plus de chances de se singulariser. Comme par exemple (...)

  • Sigur Rós - Átta

    Avis important pour les artistes : si vous comptez entamer un hiatus, arrangez-vous pour le faire après un bon album. C’est la bonne idée de la formation islandaise qui nous avait laissés en 2013 sur l’excellent Kveikur. Depuis, on savait le projet un cocon, notamment avec le départ de certains membres. Evidemment, on avait suivi les aventures solo du chanteur Jónsi Birgisson mais rien n’indiquait (...)