Accueil > Critiques > 2013

Porcelain Raft - Permanent Signal

vendredi 13 septembre 2013, par marc

Plein de nuances de gris


Il n’a finalement pas fallu attendre très longtemps pour entendre reparler de Porcelain Raft, le projet de l’Italien Mauro Remiddi. Cette fois, ce musicien qu’on pensait solitaire s’est entouré du batteur de Yuck, du bassiste de The Antlers et du violoncelle d’un collaborateur fréquent de Sufjan Stevens et The National.

Bien honnêtement, si ce casting étendu de qualité a dû affecter les compositions, on se retrouve très vite en terrain connu avec la belle prise d’intensité de Think Of The Ocean. Ce qui transcendait le premier album par moments, c’étaient ces éclairs mélodiques qui perçaient le doux brouillard, cette évidence. Echo retrouve l’état de grâce du premier album. Cluster se maintient bien aussi et il tente un brouillard est plus franchement électronique sur It Ain’t Over qui se retranche aussi derrière un peu de percussions et est bien réussi.

Tout est dans les détails, et il y en a parfois un petit qui gêne. Le refrain du par ailleurs bon Night Birds. Ou alors la batterie plan-plan d’I Lost Connection, Pourtant, il y a plein de chose à aimer, le piano ou la trompette par exemple. Bien évidemment, rien n’est mièvre, mais la sensibilité confine parfois à la préciosité. Etrangement, sur ce morceau, en faire un peu plus ramène le morceau du bon côté de la frontière entre kitsch et intensité. Cet album met beaucoup plus de temps à se révéler que le précédent, ce qui fait que lors des premières écoutes on passe du temps à analyser des détails. Mais l’impression générale reprend le dessus et la présence de morceaux aussi immédiats que celui qui est présenté en écoute ci-dessous aide bien évidemment.

Après Youth Lagoon, Memory Tapes et Perfume Genius dans des genres connexes, on se rend compte que le cap du second album est souvent crucial quand l’enchantement de la découverte n’est plus là. On attend le prochain Low Roar avec un tout petit peu d’appréhension du coup. Mais pour avoir passé un temps certain en compagnie de ce Permanent Signal, toutes ces formations gardent notre sympathie et notre attention.

http://porcelainraft.com/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • The National - Rome

    On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)

  • Xiu Xiu – 13’’ Frank Beltrame Italian Stiletto with Bison Horn Grips

    Jamie Stewart est un artiste qui fait de la musique excitante. De combien pouvez-vous dire ça ? On ne veut pas dire qu’il a toujours tout réussi, tout le temps, mais on prend toujours de ses nouvelles avec une curiosité certaine. On sait qu’on va être surpris, un peu secoués et peut-être même un peu soufflés. Ou même beaucoup soufflés dans le cas qui nous occupe, à savoir le successeur du (…)

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Cloud Cult - Alchemy Creek

    On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
    Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)