jeudi 23 janvier 2014, par
Une des façons de faire un bon album est de faire comme le premier, mais en mieux. Dit comme ça, on pourrait presque croire que c’est simple. Pour rendre le challenge possible, le quatuor féminin Warpaint a su très bien s’entourer. Quand on sait que Flood (qui a mixé tout ce que vous avez aimé ces 20 dernières années), Nigel Goodrich (producteur de Radiohead notamment) et Chris Cunningham (génial clippeur et photographe) sont de la partie, on peut en déduire que leur maison de disque leur fait confiance. En gros, ça sent l’adoubement en bonne et due forme.
Mais cette équipe de rêve n’a pas fondamentalement changé la donne, et on retrouve les demoiselles dans le même registre de post-punk doux qui nous avait plu tout de suite dès leur découverte en concert. Non, ce n’est pas un empilement de clichés gothiques, leur dégaine s’en éloignant d’ailleurs avec bonheur. Par contre, on est plus étonnés de les entendre se lancer à la limite du trip-hop (sans doute que les producteurs ne sont pas étrangers à cet anachronisme) avec la basse ronde et répétitive d’un Hi noyé d’écho.
Elles arrivent à ne pas se perdre dans la balade atmosphérique Biggy même si on peut mieux apprécier ce morceau dans le contexte de l’album et qu’il apparaitrait sans doute un peu faiblard en lui-même. La douceur peut aussi très convaincante (Teese) et dans le genre, on ne connait que The XX pour la pousser encore plus loin. Mais ici, elles épaississent le son pour porter le morceau plus haut. Evidemment, c’est quand elles poussent jusqu’au mid-tempo qu’elles trouvent le terrain le plus propice à un single (Feeling Right). Et si elles retentent la balade au piano avec Son et réussissent encore, on ne peut s’empêcher de préférer les plus simples et directs Keep It Healthy et Love Is To Die.
Maintenant que leur style s’est affiné et qu’on sait qu’il faudra compter sur elles à l’avenir, on peut aussi en profiter pour glisser qu’il ne serait pas étonnant que la seule limitation objective soit la voix. Ou les harmonies qui en découlent, souvent aigues et qui ne permettent pas à un morceau de tenir tout seul. Surtout qu’il y a quelques solides vocalistes dans le coin (Zola Jesus, The XX, The Organ). Quelques morceaux comme Go In ou Biggy mettent cet aspect en évidence.
Et si finalement la principale qualité de Warpaint était la versatilité, la capacité à varier leur propre style ? C’est une explication possible. Et si le premier album les voyait sortir avec réussite du carcan qu’on pensait leur imposer, elles ont fort opportunément décidé de tracer plus d’un sillon. Cependant, quelques apports de production prestigieux (un peu datés ?) ne masquent pas quelques limites non plus.
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