mercredi 2 avril 2014, par
Il y a tellement peu de chanteuses françaises qu’on suit qu’on se demande comment on a pu faire l’impasse aussi longtemps sur Daphné. Son premier album comportait pourtant quelques titres marquants (L’Insoumise, Anna) mais il avait fallu son album de reprises de Barbara pour rétablir le contact. Qui au vu de cet album-ci ne se perdra sans doute pas de sitôt.
Avec un peu de recul, la voix est proche de celle de Barbara. En moins maniéré, mais tout à fait capable de tenir le premier rôle (Ne Pardonne Pas Trop Vite). Mais cette veine plus épurée n’est pas ce qu’on entend le plus ci, dès le premier langoureux Rocambolesque Marroco. On retrouve tout de suite cette vraie personnalité, sa musique fière et dense. Laquelle peut dégager pas mal de sensualité sur Flores Negras ou s’enrober d’une myriade de violons sur Lady Tangerine. Sur ce morceau, quelques notes, quelques mots ressurgissent et à chaque fois, l’émotion rejaillit. Et 100 Voiliers en l’air monte et monte. Et oui, il m’a fallu un petit temps pour décrypter le calembour du titre...
Benjamin Biolay est bien là sur Ballade Criminelle, qui est une émanation française de la murder ballad tellement populaire dans la musique sombre anglo-saxonne. C’est bon, ce morceau a un ton qui n’est pas celui de l’album, mais est surtout l’occasion de rappeler que Biolay est derrière elle depuis le premier album et espérons que ce genre de duo puisse donner à cet album l’éclairage qu’il mérite. Où Est La Fantaisie ? pourraît être du Moriarty en français. La gouaille est là en tous cas, l’orchestration qui lorgne plus du côté de la Louisiane que du Poitou-Charentes. Le propos est en tout cas amusant, stigmatisant un garçon trop sérieux.
Et puis il y a Abigail, morceau frissonnant dès la première écoute, qui nous laisse entrevoir que ce piano va nous rester en tête longtemps. C’est vers ça que tendent les groupes qui essaient de mêler un peu de synthétique et de l’émotion. Mais il manquera à tous les Aaron et Archive de la terre cette émotion pure, ce chant maîtrisé, ce frissonnement qu’on ne peut créer de toute pièces.
Album complexe mais immédiatement accessible, La Fauve dégage un charme certain qui montre à quel point Daphné maitrise son sujet. Avoir une belle voix (la sienne l’est assurément) ne suffit pas. On le sait et elle aussi. Il faut aussi des mélodies (il y en a beaucoup ici, jetez une oreille sur Vendanges Tardives) et des orchestrations fouillées. Il y a tout ça ici, rappelant qu’on ne doit plus la perdre de vue à l’avenir.
Le fond et la forme. La forme et le fond. Paroles et musique. La dualité est bien connue et on la retrouve ici, bien mise en avant sur ce premier album de Stéphane Loisel. Des mélanges sont encore à tenter et celui-ci a sa personnalité propre.
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Si quand on vous dit ’In Extremis’ vous pensez Francis Cabrel, il est temps de se pencher sur les plus jeunes pousses de la chanson française. Outre Oscar Les Vacances dont on aurait dû vous parler, on avait déjà identifié Claude comme un espoir certain après un premier EP qui avait marqué.
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C’est via un très bel EP qu’on avait découvert Mirabelle Gilis et on avait constaté qu’elle donnait un bon coup de fouet à Miossec qui a toujours eu besoin d’un apport extérieur pour se dépasser (on pense à Yann Tiersen sur Finistériens). On espérait que cette collaboration continue mais on ne l’imaginait pas sous cette forme.
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Noyé dans un flot continu de sorties et d’envois, on a sans doute du mal à évaluer l’effort insensé requis pour sortir un album. Si on a attendu entre les EP et cette collection plus complète qui sort chez La Couveuse, le temps a fait son œuvre et visiblement poli le propos de la Belge Clemix. Ce qui marchait par surgissements s’est mué en style, avec un album paradoxalement plus constant que (…)