jeudi 14 août 2014, par
On se sent aussi parfois vieillir à travers les autres. Critiquer un album de Miossec, c’est un peu se forcer à constater le temps qui passe, c’est un peu se poser des questions sur soi-même et ce qu’on est devenu… A l’instar des albums du Breton qui se ressemblent peu ou prou (forte personnalité oblige), mes critiques d’albums de Miossec doivent un peu se ressembler (manque d’inspiration oblige).
La seule fois où j’avais vu Miossec en concert, il était bourré et ce n’est pas terrible. Mais je n’étais pas fâché pour deux raisons. Tout d’abord, on ne pouvait pas en vouloir d’être bourré, c’était Miossec quoi. Et puis surtout, j’avais découvert Dominique A en première partie. Douze ans plus tard, force est de constater que celui qui servait de mise en bouche est devenu un acteur majeur de la scène française en servant des albums de plus en plus ciselés alors que le second se répète un peu avec une joie non feinte. Un peu comme si votre copine avait été présentée par une ex. Mais dans le cas de Miossec, on reste bons amis quoiqu’il arrive.
Amusant de commencer son neuvième album par On Vient à Peine De Commencer (qui est plus sibyllin que le reste du refrain - C’est pas fini) mais ce n’est pas pour autant qu’il rêve d’une page blanche (On peut encore se retourner/On peut encore se réparer). La question de l’âge est centrale. Depuis 1964 qui est son année de naissance, on le sent abandonner progressivement son rôle de mâle excessif qui cherche à plaire sans oser le déclarer pour une position plus neutre, le ‘nous’ remplaçant petit à petit le ‘je’. Alors qu’il prenait plus qu’à son tour une position tranchée il peut prendre du recul sans s’apitoyer (Il ne fera plus le salaud/Il ne fera plus le crétin). Dire qu’il est apaisé est un cliché qu’on ressort depuis quinze ans au moins, mais c’est moins faux qu’imprécis.
On élude souvent le côté musical des albums de Miossec et on a tort. Surtout qu’il a souvent su bien s’entourer. Après entres autres Guillaume Jouant et Yann Tiersen, c’est Albin de la Simone qui s’y colle. Et on ne peut que constater qu’il n’a vraiment pas dénaturé le tempérament de Christophe. Le plus perturbant sans doute, c’est qu’en entendant la plupart des intros, on pense à une autre chanson plus vieille.
Il n’est pas nécessaire de tout partager pour apprécier un auteur. Les philosophes les plus exaltants sont rarement ceux dont on partage les idées complétement. Lire Schopenhauer ou écouter Joy Division n’appelle pas d’adhésion totale, et c’est tant mieux pour les statistiques du suicide. Répondez Par oui Ou Par Non est encore complétement plombant et on retrouve le même plaisir coupable que lorsqu’on dévorait sa mauvaise foi pochetrone. La principale différence étant qu’on entend moins de slogans à beugler, même si on retrouve toujours quelques aphorismes déconcertants (On est beaucoup plus beaux vivants que morts/même si on a l’air moins reposé).
Comme Morrissey qui sort un album de ces temps-ci, Miossec est un de ces artistes qui peuvent vieillir sans que ça semble étrange, ne pas trop se renouveler sans pour autant radoter, assumer leur âge sans jeunisme ni apitoiement. C’est finalement le meilleur message d’espoir de l’ami Christophe.
Si vous avez un petit goût de trop peu, je ne peux que conseiller le brillant article de Thomas Messias sur Playlistsociety
On avait déjà confessé un goût prononcé pour ceux qui abordent la chanson française avec des envies résolument indé. Dans ce contingent, Volin nous avait beaucoup plu et on retrouve son leader Colin Vincent avec plaisir sur ce nouveau projet. Si on retrouve la même propension à garder des textes en français sur des musiques plus aventureuses, le style a un peu changé.
Accompagné de Maxime Rouayroux, (...)
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L’instant Fragile est dans cette veine eighties, avec une (...)
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