Accueil > Critiques > 2014

John Grant with The BBC Philarmonic Orchestra - Live In Concert

mardi 9 décembre 2014, par marc


Dans la presqu’inépuisable longue liste des fausses bonnes idées figure en bonne place l’album symphonique. Il suffit que le répertoire ne s’y prête pas ou que l’adaptation se révèle ampoulée (voire les deux pour le risible exercice de Metallica) et hop, on a un album hyper glycémique. Fort heureusement, les albums de John Grant ont déjà une grandiloquence qui n’ont pas dû lui faire hésiter longtemps à l’invitation de BBC6.

Son album précédent comportant plusieurs titres à couleur électronique, il a logiquement fallu trouver une parade et ils ont bien fait ça. Ceci dit, ils ont gardé tels quels ces sons sur Pale Green Ghosts ou You Don’t Have To. Il faut dire qu’il y a une spécialiste à la manœuvre en la personne de Fiona Brice qui a des références que ne renieraient pas Owen Pallett lui-même (Patrick Wolf, Midlake, Kate Nash, Anna Calvi…) et a fait partie des tellement sous-estimés Jack. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à démarrer Pale Green Ghosts par du Rachmaninov, parce qu’il n’y a pas de raison qu’ils se privent de ce petit plaisir.

Sur un album à l’orchestration aussi riche, on retrouve de façon encore plus marquée cette limite souvent floue entre ce qui peut être déchirant et le too much. Cette disparité peut se retrouver au sein du même morceau sur Where The Dreams Go To Die. Le début est en tout cas parfait de sobriété et puis on bascule d’un coup vers une amplitude que d’aucuns pourront trouver crevante. Mais elle est aussi nécessaire pour rendre aussi forte la fin de Glacier.

Mais ce n’est rien de nouveau. Pour compenser, il reste un parolier occasionnellement caustique maniant la fulgurance comme Do you remember when we fucked all night on ?/Neither do I because I always passed out (You Don’t Have To) ou I want to change the world/But I could not even change my underwear (Queen of Denmark). Et on retrouve avec un plaisir immense Marz dont les paroles ne sont qu’une récitation du menu du magasin de bonbons de son enfance à Buchanan, Michigan. Et oui, ça fonctionne toujours. Comme il n’a que deux albums solo, on connait souvent bien tous ces morceaux.

Sur GMF, sa voix peine à passer au-dessus de cette puissance de feu mais c’est une question de mixage temporaire, sa voix reste exceptionnelle et est visiblement peu retravaillée à postériori. Il ne la lâche qu’une seule fois sur le final Queen of Denmark

Si vous n’avez jamais entendu parler de John Grant, voici une bien belle occasion de le découvrir. Ces versions sont plus amples sans être ampoulées et peuvent aussi servir de complément au formidable premier album où le groupe qui l’accompagnait n’était rien de moins que Midlake. Les amis de nos amis restent nos amis.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Xiu Xiu – 13’’ Frank Beltrame Italian Stiletto with Bison Horn Grips

    Jamie Stewart est un artiste qui fait de la musique excitante. De combien pouvez-vous dire ça ? On ne veut pas dire qu’il a toujours tout réussi, tout le temps, mais on prend toujours de ses nouvelles avec une curiosité certaine. On sait qu’on va être surpris, un peu secoués et peut-être même un peu soufflés. Ou même beaucoup soufflés dans le cas qui nous occupe, à savoir le successeur du (…)

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Cloud Cult - Alchemy Creek

    On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
    Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)

  • Loma - How Will I Live Without a Body

    Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)