mardi 23 décembre 2014, par
D’où nous vient cette paranoïa qui nous éloigne des trop bonnes réputations ? Dans la capitale belge, le nom de BRNS (dites brènz si vous hésitez) semble depuis de longs mois faire l’unanimité pourtant il a fallu attendre que le premier album soit sorti depuis un petit temps pour que je me penche sur leurs cas. C’est surtout leurs prestations scéniques (déjà plus de 200 concerts au compteur) qui leur ont conféré cette flatteuse renommée et c’est généralement bon signe. Inutile de le cacher, la curiosité et l’attente étaient là. Pas la peine de tergiverser non plus, ce fut au départ une petite déception.
C’est aussi un effet pervers de l’attente. Non seulement on espère entendre du bon, mais on a une idée fausse de ce qu’on pourrait entendre. Et les premières écoutes vont dans ce sens. Un peu de Foals, certes, mais sans la ferveur. Parce que c’est cette relative lenteur qui déconcerte. Très frustrante de prime abord, elle se révèle au final culottée. Il suffisait en effet de pousser le tempo pour que tout coule tout seul.
Le risque aurait sans doute été de perdre en subtilité et ça aurait été dommage. Après un premier morceau qui sonne comme un faux départ en combustion lente, Slow Heart entame les choses sérieuses avec son art rock anguleux. On attend donc une déflagration, un choc, un dérapage, que quelque chose vienne secouer quoi. My Head Is Into You est sans doute ce qui se rapproche le plus de cette résolution (et un devient un des meilleurs morceaux de l’album). Les voix aussi font penser au groupe d’Oxford, avec leur façon de trousser des mélodies par entrelacs.
Autre écho lointain, celui de Menomenaquand les circonvolutions se font plus marquées (Inner Hell), plus hantés (Omen) ou en constante évolution (Behind The Walls). Encore une fois, il faut savoir à qui s’adresse cet album. Si vous vous endormez en serrant contre votre cœur un album de 23knots, il est probable que cet album vous semble bien sage. Que tout vous semble bien sage en fait… Many chances va plutôt voir du côté de Panda Bear, mais sans le soleil dont leurs compatriotes de Leaf Housesont capables.
BRNS est un groupe qui se frotte donc à des références très enlevées du gotha indie actuel. Il est sans doute aussi un bel exemple d’une série de groupes belges désirant s’affranchir du passé local un peu encombrant (quinze ans de groupes sonnant comme dEUS) et tracer leur propre voie, quitte à s’aliéner un public trop avide de facilité qui pense que ce qui est top chez nous, c’est Suarez, Saule ou Stromae (non hein, c’est pas ça…). Ces énormes pointures dont on parle se contentant souvent de petites salles chez nous, c’est un choix qu’on salue.
C’est un bon album ceci dit, une fois qu’on n’y cherche plus ce qu’on pensait trouver, à savoir une transe qui est ici présente mais tapie dans l’ombre. Il est donc bon à sa propre façon et on doit aussi garder à l’esprit que si on entend chez nous parler de ce groupe depuis longtemps, ceci est un premier album qui déploie une belle série de promesses. On a connu trop de formations lâchant tout d’emblée pour ne pas se réjouir d’un album qui semble surtout là pour affirmer un style et jeter des bases pour le futur.
Quelle est la vie des gens qui nous entourent, de ceux qu’on côtoie dans le bus par exemple ? C’est cette matière bien réelle mais fictionnelle qui sert de base thématique au troisième album des toujours brillants Pale Grey. Ils proposent ainsi quelques biographies fantasmées, avec 12 noms pour autant de morceaux et un peu moins de clips.
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