Accueil > Critiques > 2015

Baden Baden - Mille Eclairs

mercredi 18 mars 2015, par marc


On ne peut pas dire qu’on assiste à un bouillonnement de nouveaux talents sur la scène française pour ceux qui comme moi sont allergiques à Christine and The Queens et Stromae. C’est peut-être pour ça que le premier album de Baden Baden avait tellement plu. D’ailleurs, chanté en français pour moitié seulement, il proposait une façon d’aborder la musique qui évoquait plus les formations québécoises qu’européennes.

Pour leur second album, ils ont poussé la logique encore plus loin. Sans doute affranchis d’une partie de leurs inhibitions, ils proposent un Mille Eclairs uniquement (à de rares exceptions près) dans la langue de Michel Houellebecq et c’est une bonne chose, ça renforce leur personnalité et finalement, le résultat est plus plaisant et moins alambiqué que pour des formations comme Malajube ou Karkwa.

Certains lecteurs avertis avaient distingué une influence (assumée par le groupe) de nos compatriotes de Girls In Hawaii, lesquels n’avaient pas encore livré leur grand Everest. Cette ressemblance est maintenant moins marquée sauf quand il reste des traces d’Anglais sur M.A.C. Et dans le meilleur moment de cet album, ils les dépassent en euphorie. A Tes Côtés est un des meilleurs morceaux de ce début d’année, commençant en apesanteur pour tournoyer et encore s’élever. Il y a une grosse intensité, une fureur rentrée et palpable qui permet de multiplier les écoutes sans en briser le charme ou le mystère.

Si l’écoute de l’album dans son entièreté est baignée d’une douce mélancolie qui ne confine jamais à la noirceur, on n’est pas pour autant à l’abri d’une surprise. Il y a certes des morceaux à l’euphorique désespoir (Ici, Dis-leur) mais aussi quelques fins de morceaux qui valent le déplacement comme Criminel ou L’Elegance Avec. C’est dans ces moments-là que la personnalité s’avère plus marquée qu’on pourrait le soupçonner. Ils varient aussi les plaisirs en osant l’instrumental (Finalmente) ou en allant chercher l’inspiration du côté de The Notwist (Depuis Toi) pour un résultat plus que cohérent.

Comme souvent avec un chant en français, la voix est mise plus en avant. D’ailleurs, on retrouve quelques intonations proches d’un Florent Marchet, l’univers décalé pouvant mettre mal à l’aise en moins. Baden Baden vient de donc de sortir un album qui confirme les espoirs placés en eux. Définitivement francophone et plus constant, Mille Eclairs devrait consacrer les Parisiens.

http://www.badenbaden.fr/

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

6 Messages

  • Nicolas Jules – La Reine Du Secourisme

    Jusqu’où s’arrêtera-t-il ? Practice makes perfect, tel est le dicton dans une langue non pratiquée par Nicolas Jules. Mais force est de constater qu’il le met en application avec un rythme de publication quasi annuel qui voit son œuvre se polir et se distinguer. Il se situe pour cet aspect-là dans le sillage du regretté Murat.
    Une musique n’est pas parfaite quand il n’y a rien à ajouter mais quand il (...)

  • Beyries - Du Feu Dans Les Lilas

    Honnêtement, on l’a vu venir cet album. Inconsciemment, on l’a espéré aussi. Si Encounter avait vraiment plu, c’est le seul titre en français qui avait le plus marqué. On avait retenu le nom, et le temps a passé. Quand Du Temps a été lancé en éclaireur, l’échine s’est serrée immédiatement.
    On avait détecté sur l’album précédent une tendance à produire des morceaux soyeux mais occasionnellement lisses, c’est (...)

  • Bertier – Machine Ronde

    L’essoufflement est un phénomène bien connu en musique. Un des mécanismes pour le contourner est de s’entourer. Autour des deux membres fixes du projet (Pierre Dungen et Lara Herbinia), il y a toujours eu une effervescence créative, ce qui leur permet non seulement d’évoluer mais de présenter avec ce quatrième album une sorte de synthèse et leur opus le plus abouti et enthousiasmant.
    Chanson (...)

  • Louis Arlette – Chrysalide

    Si on ne connait pas encore très bien Louis Arlette, on peut dire que le patrimoine a une grande place dans sa vie. Après avoir revisité le volet littéraire sur un EP de mise en musique de poésie française, les thèmes de ces morceaux vont chercher des allusions historiques. Mais le ton a changé, radicalement. Si l’EP se voulait iconoclaste et l’était peu (ce qui n’est pas un problème en soi, (...)