mardi 2 juin 2015, par
,On s’attendrit souvent devant la fragilité des choses, et sans qu’il ne soit question d’une quelconque quête obsessionnelle de morosité, l’esprit a parfois besoin de s’assoupir, lové au creux d’un petit désespoir, histoire de prendre du recul face aux turpitudes de la vie... On apprécie donc parfois ces instants mornes, tout simplement parce qu’ils en font espérer de meilleurs…
Ce dernier album, (concocté à Nashville...) du Londonien Alex Shields, est à l’image d’un jour de pluie qui laisserait présager une éclaircie, celle qui fera bientôt, mais pas tout de suite, miroiter les flaques et scintiller les gouttelettes, celle qui fera prendre conscience que c’est joli, parfois, la mélancolie.
Feathers Wet, Under The Moon d’A Grave With No Name est un exemple type de ces albums inducteurs de Spleen qui, assez paradoxalement, nous veulent du bien… Un opus en forme de paisible balade à cheval sous le crachin , là où des gens comme Sparklehorse, Gravenhurst, et même à l’occasion The Leisure Society (pour le côté parfois un peu Brit-Folk des compos) ne peuvent s’empêcher de pointer le bout de leurs influences… Un bien beau disque. (Mathusalem)
On sait ce que l’on doit à José Gonzalèz, ce qu’il a pu nous apporter. C’est le premier qui nous a rappelé que le Pink Moon de Nick Drake était un des plus grands disques de tous les temps tout en ayant un style vraiment personnel. Mais 8 ans ont passé depuis son dernier album solo (je n’ai pas suivi l’aventure Junip) et on a depuis découvert les charmes de Will Stratton ou Fink.
Raison de plus en fait pour replonger dans sa discographie. Et l’amateur ne sera pas dérangé dans ses habitudes. On retrouve moins de sècheresse mais des morceaux d’apparence plus douce et calme, à la lisière de son style parfois, très dénudé sans être nu. Leaf Off/The Cave est ainsi bien agréable
What Will arrive même à repartir mine de rien, en facteur comme toujours chez lui. Il ne s’autorise jamais de relances spectaculaires, ce qui est sa force mais aussi sa faiblesse vu qu’il ne peut compter que sur une mélopée entêtante sans recourir à la force (ce que Fink s’autorise maintenant). Il peut aussi faire croire qu’un morceau va éclater et puis finalement non. C’est la sensation qu’on a sur l’entrainant Let It Carry You qui comporte des arpèges un peu dingues.
Il faut vraiment du temps et de l’investissement pour entrer dans cet album mais on y arrive forcément et on se surprend à multiplier les écoutes encore plus même que pour le précédent. (Marc)
On sait depuis longtemps que Conor O’Brien est plus qu’un espoir, un compagnon de route qu’on va suivre. Surtout que le premier virage de sa carrière est négocié mieux que bien. Après deux albums salués (deux nominations aux Mercury Prize notamment), il a décidé d’enregistrer seul chez lui le troisième, pour un résultat intimiste bien réussi.
C’est tout seul à la guitare que j’avais découvert Villagers, lors d’un séjour Nord-Irlandais. Ce n’est donc pas vraiment une surprise, mais plutôt la confirmation que son talent peut s’exprimer dans la discrétion. Mais pas la nudité, cet album à la lenteur calculée distille tout de même quelques discrets arrangements, et ce dès le premier morceau.
Alors, oui, on replonge très facilement tête baissée pour Everythning I am Is Yours. C’est limpide, prenant parce qu’on sent son engagement total. Cet album intime est cependant plus pudique que le dernier Sufjan Stevens, autre bon moment de ce premier semestre. Il ne s’attarde pas en chemin (implacable Little Bigot) et on retient au passage le très inspiré Dawning on Me ou la délicatesse de No One To Blame.
On se doutait qu’un album plus intimiste de Villagers ne pouvait être que réussi. Tout en douceur et sans aucun sucre ajouté, il montre la facette la plus manifeste du talent de Conor O’Brien. (Marc)