vendredi 30 octobre 2015, par
On le rappelle à la moindre occasion, mais Laurent Leemans est sans doute le plus productif des artistes qu’on suit. Même le Murat des grandes années n’a pas la même prolixité. A son échelle, les 9 mois écoulés peuvent passer pour un petit hiatus. Lequel est dû à la tournée d’adieu de Ceili Moss, son autre formation. Parce que oui, il y en avait une autre. Mais le plus important n’est pas la quantité, on le sait. Ces sorties fréquentes permettent en tous cas de voir en temps réel l’évolution de ses aspirations.
Ce qu’on constate tout d’abord, c’est que des choix semblent faits, qu’il continue sur la lancée de Driftwood, son album du recentrement. Parce que dans ses goûts éclectiques et ses possibilités, il y a aussi du plus sombre, du plus brut. Ce n’est pas son inclination actuelle visiblement et il creuse le sillon d’une musique sobre et acoustique. Pour se permettre cette relative simplicité, il peut compter sur son timbre sombre et quelques arpèges bien sentis.
Mais le résultat n’a presque rien à voir avec un quelconque folk originel. Pour mieux s’en détacher, il affectionne les références à contre-courant. C’est à hauteur d’homme, mais ses souvenirs ne viennent pas des bords du Mississipi mais de Molenbeek. D’ailleurs, et c’est aussi une initiative culottée de sa part, Het Dorp est livré en néerlandais. Ma connaissance imparfaite de la langue de Vondel ne me permet pas de l’affirmer à coup sûr mais son flamand est crédible (plus que celui d’un premier francophone en tous cas). Pour ceux qui ne sont pas familiers de ce riant idiome, une version anglaise se niche en fin d’album. Tant qu’on en est dans la langue, on retrouve la choriste à l’accent bizarre (Seesayle) sur Long Live Love et She’s like the Swallow.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule chanson dans cette langue puisqu’il reprend Aangespoeld de l’inconnu de mon bataillon Donder In ’T Hooi. Signalons aussi qu’il chante en français. Mais même si les paroles rehaussées de sa fort plaisante ironie sont importantes, changer de langage n’a qu’une influence minimale sur son style qui s’accorde aussi bien à la balade poignante qu’à un traitement plus pop apporté par un dédoublement de voix (Run The Devil).
Ce nouvel album permet à Laurent Leemans de creuser un peu profondément un de ses sillons, celui d’une musique acoustique qui repose en grande partie sur ses talents de vocaliste et de mélodiste. Cependant, on sait pour avoir écouté d’autres que ce n’est pas son seul terrain d’expression. Album après album en succession rapide, on assiste avec plaisir à l’affinement d’un style.
https://theimaginarysuitcase.bandcamp.com/album/fake-blood-from-real-wounds
http://www.theimaginarysuitcase.be/fra.htm
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