samedi 7 novembre 2015, par
Collaborations don’t work
They don’t work
They don’t work
C’est ce que clamaient plus tôt dans l’année FFS dont l’album est une preuve exacte du contraire (ce sont de petits farceurs). L’étrange patronyme d’EL VY (ne pas confondre avec Elvy, valeureux groupe de l’écurie Jaune Orange) recouvre la collaboration entre Matt Berninger, chanteur de The National et Brent Knopf qu’on a déjà souvent croisé chez Menomena ou son projet solo actuel Ramona Falls. On va partir du principe que les deux artistes vous sont au moins un peu familiers, sans quoi je vous renvoie, à, disons, Boxer et Prophet.
Le projet lui-même est plus excitant que le premier morceau qui avait était proposé, fort sympathique mais qui à des années-lumière de la complexité dont est capable Brent Knopf. D’ailleurs, on ne retrouve presque rien de ces surprises, de cette tension. Matt Berninger est un habitué des collaborations, lui qui a posé sa voix aussi bien chez Clogs que chez Clap Your Hands Say Yeah. Plus embêtant, l’ampleur mélancolique de The National n’est pas trop présente non plus.
Alors, un coup pour rien ? Non, pas vraiment. Mais pour ça, il faut regarder dans les détails. Dans les riffs acides de I’m The Man To Be (pour le coup on dirait presque du Beck en plus âpre) par exemple, ou dans la rythmique de Return To The Moon qui claque vraiment. On a l’impression de reprendre une bouffée de cette pop indépendante telle qu’on la pratiquait il y a un petit temps. Pensons à des artistes comme Beck (on y revient) ou Soul Coughing.
Menomena et Ramona Falls avaient cependant poussé l’originalité plus loin, atteignant une fièvre qu’on ne retrouve pas nécessairement ici. Il faut évidemment surpasser cette attente légitime mais qui ne peut être que déçue. Mais comme on s’accroche et que cet album permet les hautes rotations (signe indéniable de qualité), on finit par trouver des raisons de se réjouir. Sad Case est ainsi plus nerveux, plus soumis à des soubresauts que Knopf aime. On retrouve aussi cette sur Paul Is Alive cette façon particulière de hacher un morceau pour distiller la mélancolie en arrière-plan
La voix ne vient aux avant-postes que sur No Time To Crank Up The Sun, grand morceau à couches qui se révèle à la hauteur de l’enjeu. La montée d‘It’s a Game semble plus proche de The National mais est interrompue tout de suite, parce qu’une seule idée (même bonne), c’est un peu court sans doute. Careless est aussi plus proche de la façon du groupe de base de Berninger et permet de mesurer la différence dans l’emploi des guitares chez Knopf ou les frères Dressner. Le premier se montrant souvent plus sec et acide (Sleepin’ Light).
Les renommées des deux artistes sont tout de même assez éloignées (même s’il y a pléthore d’aficionados des deux) et il est probable que les fans plus nombreux de The National soient les plus déroutés, même si son chant reste souverain. Par sa qualité, leur implication et leur tournée imminente (on en reparle bien entendu), il semblerait logique que ce ne soit pas qu’un one-shot.
Return To The Moon ne ressemble au final ni à un album de The National ni à un album de Ramona Falls et si la conjonction des talents ne se hisse pas trop souvent au meilleur de ces deux-là, il n’en reste pas moins que la sympathie naturelle qu’on a pour le projet n’est aucunement écornée par cet album jamais décevant dans le détail. Les collaborations, en fait, ça marche.
Jamie Stewart est un artiste qui fait de la musique excitante. De combien pouvez-vous dire ça ? On ne veut pas dire qu’il a toujours tout réussi, tout le temps, mais on prend toujours de ses nouvelles avec une curiosité certaine. On sait qu’on va être surpris, un peu secoués et peut-être même un peu soufflés. Ou même beaucoup soufflés dans le cas qui nous occupe, à savoir le successeur du (…)
Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)
On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)
Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)