Accueil > Critiques > 2016

Bloc Party - Hymns

mercredi 10 février 2016, par marc


J’ai bien compris qu’on n’était plus en 2005, c’est bon et comme on suit ce groupe depuis plus de dix ans (comme ça passe), on ne peut même plus faire semblant d’être étonnés. Il y a beau n’y avoir plus que deux membres restants du line-up de base, on jette toujours une oreille sur ce que sort Bloc Party, surtout qu’on les avait laissés en bons termes avec un Fourd’agréable facture.

Depuis, Dieu a donné la foi à Kele Okereke et tout comme à Ophélie Winter, le chef-d’œuvre musical n’est pas au rendez-vous. On sent nettement cette influence dans les paroles d’Only He Can Heal Me ou The Good News. Les bonnes intentions font rarement les bons albums, ce que Bob Dylan nous avait déjà enseigné avec ses albums les plus chrétiens et les moins marquants (Shot of Love, Saved…). Mais soyons honnête aussi, ces thèmes n’influencent nullement la qualité de l’album. Le problème ne vient donc pas de là.

Il faut convenir tout d’abord que d’une manière générale, cet Hymns ne réserve strictement aucune mauvaise surprise, la faible note voulant simplement dire qu’on n’y trouve pas de bonnes non plus.

Les petites originalités sur he Love Within ou les chœurs sur Only He Can Heal Me apparaissent plus comme des gimmicks, ce qui n’est pas dépréciatif. On se rappelle alors que Kele Okereke avait sorti un album orienté dancefloor qui n’avait pas tout-à-fait convaincu. Ce sont souvent les guitares qui arrivent le mieux à les maintenir à flot. A réveiller l’autrement plus mou So Real ou tenir Only He Can Heal Me. Mais il leur faut une vitesse minimale en deçà de laquelle ils risquent la chute. Il est compliqué de se sentir retourné par My True Name ou Fortress.

Il y a même une fausse montée sur Different Drugs. Pas mauvaise en soi mais ils s’arrêtent en plein chemin et cette batterie livrée à elle-même et éteinte à l’interrupteur est peut-être un des symboles de cet album toujours bien agréable et proprement produit, mais qui ne suscite à aucun moment les décharges d’adrénaline qu’on pourrait en attendre. Enfin, qu’on a la faiblesse d’attendre encore.

Les morceaux plus engagés ne le sont pas vraiment (Virtue) mais ce n’est plus vraiment grave, maintenant qu’on a compris qu’une dose massive de quinine a définitivement éteint la fièvre. Cependant, il y avait encore sur Four quelques velléités de sortir les guitares.

En toute candeur, on se demande encore qui écoute les albums de Bloc Party et comment ils maintiennent l’attention de leurs fans. Il y a dix ans, ils lâchaient un des albums de la décennie avec Silent Alarm. Aujourd’hui, ils semblent encore se chercher, et livrent un album agréable et cotonneux qui n’atteint jamais les sommets de Foals ou Tv On The Radio, deux formations au style proche, pas en forme ascendante mais qui maintiennent autrement le cap que la bande à Kele.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Bloc Party - Hymns 12 février 2016 11:54, par Laurent

    Eh ben c’est fou, mais pour répondre à ta question : moi je l’ai écouté cet album. En boucle ! Et je l’adore ! Et je ne m’y attendais vraiment, mais alors là vraiment pas. Partout je lis qu’on conspue ce disque, du coup je cherche à comprendre pourquoi il me plaît tellement. D’autant que je n’ai jamais vraiment été un fan hardcore de Bloc Party. Certes, j’ai tous leurs disques, je suis allé les voir, tout ça, mais ça faisait un bail que je m’étais désintéressé d’eux et "Four" ne m’avait fait ouvrir qu’un œil. Or là, je les trouve tellement focus, tellement efficaces, que je me suis demandé quelle mouche les avait piqués. J’ai pris un plaisir comparable qu’en achetant un nouveau disques des Dears (qui continuent à en sortir et pour le coup, on peut davantage se demander qui les écoute). De la belle ouvrage, bien produite, bien chantée, mélodiquement imparable... m’enfin, que demande le peuple ?? :-)

    Bon, j’avoue que j’étais passé à côté du délire mystique. Il n’empêche, c’est mon préféré depuis "Silent Alarm" et j’espère rencontrer un jour quelqu’un qui partage mon avis parce que là, je me sens bien en marge... ^^

    repondre message

    • Bloc Party - Hymns 9 mars 2017 20:23

      Je tombe sur ce message un peu par hasard via Google car moi aussi je me sentais un en marge : moi aussi je trouve cet album très bon et même assez long en bouche. Alors voilà, un an après : Laurent tu n’es plus seul ;-)

      repondre message

  • Wire - 10:20

    Un album d’inédits sortis pour le Record Store Day, ce n’est pas a priori la proposition la plus alléchante de la part de Wire, même si une discographie étalée sur 43 ans et des setlists imprévisibles regorgent de morceaux peu ou pas entendus. C’est sur le papier donc un album pour fans exclusifs, pour collectionneurs compulsifs et dont le résultat est hétéroclite. Enfin, tout ça serait vrai si Wire (...)

  • Foals - Everything Not Saved Will Be Lost Part 1

    Parfois la sortie d’un album nous prend par surprise : on ne l’avait pas vu venir, on n’avait pas suivi les annonces.... Parfois, la surprise est même double car on apprend que c’est la "Part 1" et qu’il y aura donc une deuxième fournée, à l’Automne 2019 précisément. C’est le scénario pour ce nouvel album de Foals.
    Car Foals, c’est un groupe qu’on suit désormais sans déplaisir, sachant qu’ils peuvent (...)

  • Roger Waters - Is This The Life We Really Want ?

    Ici, on a toujours privilégié la critique et l’analyse plutôt que le versant personnel, on a toujours dit ‘on’ au lieu de ‘je’ mais bon, on a une vision différente pour certains artistes et il est aussi illusoire et inutile de la cacher. Ainsi le premier texte que j’ai écrit sur un album date de 1992 (non, il n’existe plus de trace du méfait) et traitait d’Amused to Death de Roger Waters, grand album au (...)

  • Ride - Weather Diaries

    Le point d’entrée d’un groupe, l’album qui nous l’a fait découvrir, est loin d’être anodin, et conditionne l’image qu’on en aura pour le reste de leur carrière. Quand on découvre leurs débuts, tout va bien, mais il arrive qu’on l’aborde par la bande sans le vouloir. C’est ainsi que j’ai découvert Jesus and The Mary Chain via leur atypique Stoned and Dethroned et Ride à travers Carnival of Lights pour (...)