lundi 23 mai 2016, par
« Ce n’est pas toi, c’est moi »
Voilà une phrase qui fera sans doute frissonner quelques souvenirs de rupture. Parce que oui, les relations musicales peuvent s’apparenter à des débats amoureux. On se rencontre, on se plait, on se déçoit, on se retrouve ou pas. Il y a 20 ans déjà, une partie de la planète a été amoureuse de Radiohead. Tellement que les voix discordantes ont dû attendre un peu pour se faire entendre. Elles sont maintenant bien audibles et il semble que le fossé entre ‘pro’ et ‘anti’ est établi une fois pour toutes avec peu de chances d’être comblé. Une critique de Radiohead est donc encore plus subjective que les autres.
Comme presque tout le monde, on a été soufflé par l’enchainement The Bends/Ok computer/Kid A. Ils avaient amené la musique pop ailleurs, c’est indéniable. Et puis on a aimé aussi Hail To The Thief et puis bien que rien de spécifique ne se soit produit depuis, on a pris ses distances. Les commentaires ont commencé à porter sur de la communication, de la surprise, et les réseaux sociaux s’en étant mêlés, tout le monde a donné son avis vite, très vite, trop vite, comme pour confirmer le préjugé. Il faut être honnête, je ne pourrais même plus citer un titre de King of Limbs qui m’avait moins impressionné que l’hallucinant texte de Laurent. Alors qu’on ne parle déjà plus de cet ancêtre rendu disponible il y a deux semaines, on peut prendre son temps pour faire le meilleur usage d’un album, à savoir l’écouter, encore et encore.
Parce que c’est la bonne nouvelle, on prend vraiment du plaisir à l’écouter cet album de Radiohead qui se replace dans la course d’une musique vaporeuse et aérienne, reliée à la terre par une pulsation aux aguets. Parce que pour bien profiter de cette musique, il faut ne pas en attendre trop d’émotion. La voix de Thom Yorke semble moins dominer les débats, étant maintenant une composante essentielle d’un assemblage complexe et finement dosé. On a aussi trouvé ces dernières années des groupes autrement plus viscéraux (Shearwater, Moonface) qui ne se battent pas sur le même terrain.
Le guitariste Johnny Greenwood a signé quelques brillantes musiques de film et montre ici qu’il arrive à ne pas se cantonner à un seul style. Les cordes de Burn the Witch semblent plus provenir d’un album d’Owen Pallett, autre orfèvre en la matière. A l’autre bout du spectre, The Numbers lorgne plutôt du côté de Jean-Claude Vannier (arrangeur historique de grands Gainsbourg) dont on retrouve de maintes traces jusque dans les chœurs de Deks Dark qui proposent un joli contrepoint rehaussé par une fausse remontée sur un riff simplissime. C’est riche pour ses 4’40’’ mais pas crevant.
Les cordes sur Daydreaming apportent un bien beau contrepoint à des claviers flous tandis que Flass Eyes laisse tourner la voix de Yorke sous un complexe enrobage de cordes, ce qui est typiquement ce qu’on a entendu sur le dernier Björk. Ce genre de morceau est là pour assurer les transitions, faire varier les climats, pas se poser en candidats à un futur et bien hypothétique best-of.
Mais il y a d’autres candidats. Citons notamment les Identikit avec sa mélodie qui perce le brouillard et ses riffs de guitare acide ou la tension planante de Present Tense et ses chœurs suspendus. Quand Ful Stop repart, on se rappelle que si la section rythmique est moins célèbre que Yorke et Greenwood, elle a toujours été souveraine. Avec en bonus quelques bien jolies incartades sous forme de Krautrock éthéré voire de psychédélisme en roue libre (le trop éthéré Desert Island Disk)
Il est beau ce Radiohead, on devrait se contenter de ça. Non, ce n’est pas un jalon de la musique moderne, ce n’est même pas un sommet de leur discographie, mais on se cantonne très bien d’un plaisir d’écoute, on se satisfait pleinement d’un album qui glisse dans l’oreille tout seul et d’un coup à chaque fois, on apprécie qu’un groupe iconique puisse livrer un album supérieur à ses productions les plus récentes. On s’est retrouvé à une soirée. On s’est souri. Ça n’est pas allé plus loin parce que ça ne devait pas.
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