lundi 13 juin 2016, par
Come gather ’round people
Parler de transformation dans le cas d’ANOHNI est tentant à plusieurs égards. Tout d’abord, il convient de ne plus l’appeler Antony (avec ou sans Jonsons) ni Antony Hegarty. Maintenant, c’est ANOHNI, et c’est elle qui l’a décidé. Ensuite, pour tout qui ne connait que superficiellement sa discographie, elle propose un album radicalement différent de ce qui l’a rendue célèbre.
Mais c’est ça qui est passionnant. Evidemment, ceux qui ont connu ses collaborations avec Björk, Current 93 ou Hercules and Love Affair seront moins surpris. Il n’en reste pas moins que cet album qui ne présente pas ces chansons belles à faire pleurer les pierres est marquant. Et pour d’autres raisons que sa voix toujours aussi juste et hantée.
Les journalistes qui ont eu la chance de l’interviewer récemment ont reçu les paroles des morceaux de ce Hopelessness et leurs traductions, parce que le contenu se doit d’être mis en avant. Ce bel objet post-moderne est en effet ce qu’on peut trouver de plus actuel en matière de protest-songs. Cet album se présente en effet comme une collections de cris de révolte, une implacable série d’engagements sincères et importants.
Parmi ces causes on retrouve le réchauffement climatique (4 Degrees fait allusion à l’augmentation potentielle de la température terrestre). Le sombre et lancinant Obama présente ses doléances au président sortant avec des mots très durs quand Watch Me fait référence à la surveillance de la NSA. Dans ce contexte assez pessimiste, une chanson plus apaisée dans sa forme comme I Don’t Love You Anymore peut très bien être une chanson d’amour mais on ne peut définir si la plainte porte sur une personne ou l’Amérique. Violent Men est un quant à lui plaidoyer pour le mouvement Future Feminism qui lutte contre la suprémacie du patriarcat. On retrouve donc un ton assez direct même si parfois allusif et sarcastique avec un énorme sentiment de tristesse qui accompagne le tout, la compassion et la solidarité comme seules armes possibles
Nous sommes en 2016, plus à l’époque des droits civiques, et une musique engagée doit aussi se faire actuelle et percutante sur la forme. Et c’est là que la magie opère. Elle a fait appel à Hudson Mohawk et Daniel Lopatin (Oneohtrix Point Never) et on peut dire que c’est le meilleur des choix. Ils enrobent donc ces morceaux sous les beats percutants, les sons complexes et déstructurés (le début d’Obama) qui peuvent rendre à la demande les morceaux soit frappants (Drone Bomb Me, 4 Degrees) ou à l’opposé beaux et lancinants, proches du format ‘chanson’ (Crisis). On n’a donc jamais l’impression d’un featuring, mais d’une fusion bien poussée entre la musique et le chant, ce qui permet de beaux accès de panache (Separate Me From The Earth), de rendre Crisis rien moins que poignante ou de nimber Violent Men de malaise et de mystère.
Et si finalement cet artiste était la voix de notre époque ? Anohni est une des dernières chanteuses libres. Libre de choisir son genre, libre de mêler la crème d’une certaine scène electro pour mêler ce qui pourrait ne pas l’être. Le fond et la forme, la voix et la production, la colère et l’amour pour faire de son début une forme moderne et assez passionnante de protest-songs.
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Le fond et la forme. La forme et le fond. Paroles et musique. La dualité est bien connue et on la retrouve ici, bien mise en avant sur ce premier album de Stéphane Loisel. Des mélanges sont encore à tenter et celui-ci a sa personnalité propre.
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Lire une étiquette est une règle de bonne pratique avant d’ingurgiter quelque chose. Le nom de l’album du Milanais Lorenzo Parisini qui officie sous le nom de Bear of Bombay ne laisse planer que peu de doute quant à son contenu et on l’avale d’un coup d’un seul en parfaite connaissance de cause.
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