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Séance de rattrapage #57 - Ed Wood Jr, Golden Rain, Illegal Operation

mardi 30 mai 2017, par marc


Ed Wood Jr - The Home Electrical

Il y a plein de choses différentes chez Five Roses Press mais dans le cas des Français d’Ed Wood Jr, on est comme souvent dans un rock instrumental qu’on n’appellera pas post-rock parce que personne n’aime ça visiblement (la dénomination, hein, pas le genre) mais qui profite d’une belle vélocité.

Les Lillois commencent en tous cas dans le sillage d’un 65 Days of Static (pour simplifier les choses) parce qu’en sus de la puissance, il y a pas mal de composants électroniques. Mais ce n’est pas un déboulement d’hormones pour autant, on retrouve aussi dès la k.o.w. des voix féminines qui ne sont pas plaquées sur les morceaux et apportent un bel équilibre à l’ensemble. Elles reviennent sur le plus léger Temporary Moving In , faisant de ces voix éthérées et de ce gros son majoritairement électronique une chouette relecture dream-pop 3.0.

La puissance et la répétition sur Outer Space fait son petit effet parce qu’à un rythme élevé, le décrochage est plus facilement évité. Des guitares qui vrombissent sur 9mn – grande plage, les voix effacées faisant maintenant penser à Foals. Vous l’aurez compris, cette petite pilule d’énergie peut aussi se faire plus subtile et c’est ce qui les rend intéressants

Golden Rain - Golden Rain EP

La formule du duo mixte était très en vogue il y a quelques années, elle garde encore ses partisans dont ces deux Italiens, Zaionair et Mario Grimaldi. Ce qu’on entend sur leur premier EP nous met en tête bin des bonnes choses. Attention au name-dropping.

Ils ont d’emblée un petit côté The Knife mais en plus placide. On pense au duo suédois pour la voix évidemment, mais aussi pour les rythmes complexes et francs qu’ils pratiquaient à leurs débuts. En général, ce genre de musique passe mieux en vitesse mais ils ne se sont pas encombrés de ce genre de raisonnement et ce n’est aucunement dommageable.

Surtout quand ils nous évoquent Ladytron (Lovers) dans une veine très mélodique , voire même Saint-Etienne quand ils se font encore plus pop (When I Go Away). Des références fraiches donc qui se croisent sans de bousculer. Ce qu’on préfère cependant, c’est le plus enlevé et dense My Crown qui devrait vous plaire.

Voilà donc une alléchante carte de visite pour un groupe dont on apprécierait un album bientôt.

Illegal Operation - Down

Oui, encore une sortie du vivier grec d’Inner Ear. Si ce dont on vous a parlé partait soit sur les ’50 nuances de psychédélisme’ soit de l’electro-pop bon teint, on se trouve dans des ambiances légèrement différentes ici.

Légèrement parce que si le ton est plus sombre que ce qui nous provient de cette source d’Europe du Sud, on en retrouve quelques caractéristiques comme le goût des guitares libres.

Down part en tous cas sur un tempo lent, pas exagérément lourd, de quoi laisser de l’espace pour des guitares acérées. La voix tient les avant-postes d’A Whisper mais c’est le refrain qui nous rappellera le plus plein de bonnes choses. Black Heart Procession (avec les chœurs, on s’y croirait vraiment) et Nick Cave en tête, voire Devastations si vous aimez ça. On nous parle de Tom Waits, c’est dans les mêmes eaux saumâtres en effet. La plus grande différence venant du goût de la six-cordes, passion qu’ils partagent avec bien des coreligionnaires grecs d’Inner Ear (Chickn).

Mais on n’est pas dans le pastiche puisqu’on retrouve aussi bien un blues susurré (By A Pale Light) qu’un peu de lourdeur de bon aloi (Getting There), le tout enrobé de cordes qui sentent bon l’huile de moteur. On l’avait dit pour l’ami Laurent Leemans (The Imaginary Suitcase), une belle voix grave ça va avec tout. Celle de Manolis Aggelakis permet au groupe de se frotter à de bien belles choses sombres et au minimum nous rappeler d’excellents souvenirs et épicer notre quotidien.

    Article Ecrit par marc

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