vendredi 9 juin 2017, par
Elle s’appelle Aldous Harding, elle est Néo-Zélandaise et a rassemblé tout le talent nécessaire à la sortie d’un second album, cette fois chez 4AD. D’aucuns disent qu’il faut l’avoir vue sur scène… Et son interprétation, intense et habitée de Horizon chez Jools Holland semble amplement confirmer la chose.
Cela étant, d’un point de vue strictement musical, la claque n’en demeure pas moins magistrale. Party (l’album) est une vaste lande étrange et brumeuse à haut potentiel neurasthénique d’où émergent trois pics majestueux (Imagining My Man / Party / Horizon), une randonnée imaginaire y est troublante, tant le sentiment d’intimité est profond.
De plus, le minimalisme assumé de la production de John Parish (PJ Harvey, Tracy Chapman….) n’autorisant pratiquement aucune zone de repli, on reçoit les bourrasques de voix de plein fouet.
Et quelle voix. Ton sourd et grave de la maman qui susurre une berceuse, chuchotements sensuels d’une confidence, geignements nasillards de chipie ingénue (Vous vous souvenez de Joanna Newsom sur The Milk-Eyed Mender ?)... Aldous sautille d’un registre à l’autre, brusquement, sans prévenir, mais surtout très naturellement, instinctivement même.
On passe de la réalité au songe, de l’adoration à la révolte, ça sent tour à tour l’espace confiné et le vent du large, l’haleine tiède et la transpiration, parfois même les quatre ensemble. Et c’est cette voix pétrie de passions et de fêlures cimentant un assemblage cohérent de fragilités et de forces qui fait que, de toute évidence, l’album Party a une vie propre. Formidable !
Ce troisième album de Low Roar, c’est le retour d’une belle découverte qui nous avait tout de suite plu. Depuis il y a eu un autre album qui maintenait la flamme et puis l’Américain Ryan Karazija a quitté l’Islande pour la Pologne. Mais ces déplacements n’ont pas eu d’influence majeure sur son travail. La subtilité et la délicatesse sont toujours là, la fragilité semble moins poussée que par le passé.
De la mélancolie avec des beats, c’est un mélange qu’on a toujours apprécié. Don’t Be So Serious s’appelle le morceau et il sonne comme une déclaration d’intention. La voix y évoque celle d’Alexis Taylor de Hot Chip. Il invite aussi la chanteuse Jófríõur Ákadóttir pour le beau duo brouillardeux Bones.
’Beau’ est l’adjectif qu’on collera aussi à Give Me An Answer et à la fin de Poznan. Lequel peut s’appuyer sur une rampe de lancement de premier choix, un Crawl Back qui explose par surprise. Notons aussi la lenteur profonde de Gosia.
S’il faut plus d’écoutes pour s’imprégner des charmes de ce troisième album de Low Roar, il y a encore de jolies choses ici, celles qui nous confirment qu’on est toujours bien inspirés de suivre ceux qui ont pu nous plaire.
Un cliché veut qu’un groupe ne peut jamais être meilleur que son batteur. On ne contestera pas sa validité, mais il faut aussi constater que le chant est souvent le parent pauvre des formations moins cotées. Il y a plein de moyens de le planquer, mais ce ne sera pas nécessaire pour Pandra Vox, la voix de la chanteuse étant au contraire un point d’attraction pour cet EP paru chez 312music (White Note, EAST…) et déjà repéré par Les Inrocks Lab
Les influences revendiquées sont Massive Attack, Portishead, Bjork, Radiohead, Nick Cave ou PJ Harvey. Des références ambitieuses, certes, mais aussi sortis d’un Mofo de 1996. Mais on voit assez vite que ce ne sont pas des paroles en l’air, surtout quand la voix pousse. On retrouve en effet Portishead dans ses accents élégiaques mais elle montre plus de de personnalité quand elle monte sur Hambach qui bénéficie aussi d’une basse bien ronde et chouette fin, tout comme Syalle Is Burning.
Le plus marquant au fond, c’est qu’on sent une grande marge de progression ici. Ces morceaux sont bons en l’état, la chanteuse a une vraie personnalité mais ils en ont encore visiblement sous la pédale. On le sent au détour de quelques montées bien senties, la fièvre de ces moments-là donne envie d’en savoir plus. A découvrir maintenant, à confirmer plus tard donc