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White Wine - Killer Brilliance

vendredi 29 septembre 2017, par marc


Au commencement est Joe Haege, membre fondateurs de groupes excitants comme 31Knots ou Tu Fawning, musicien de concert pour Menomena ou The Dodos. On le voit, un cv en acier. Il avait commencé un projet appelé Vin Blanc devenu Vin Blanc/White Wine quand son comparse Fritz Brückner l’a rejoint et on avait beaucoup aimé leur In Every Way But One. A l’arrivée d’un troisième larron (Christian Kurh), le nom s’est stabilisé en White Wine. Notons pour tout simplifier que Haege a sorti un album sous ce nom plus tôt cette année. Bon, tout ceci est un peu accessoire au moment de se plonger dans une écoute plutôt revigorante.

Ce qu’on entend ici est un peu différent de ce qui nous l’avait fait découvrir. Pour simplifier à outrance mais vous aider à situer cet album recommandé, on peut considérer qu’il pourrait s’agir du chainon manquant entre Menomena et Xiu Xiu. La collaboration avec les premiers peut faciliter le rapprochement évidemment. On retrouve les mêmes cordes artificielles sur Broken Letter Hour, un martèlement discret et efficace et un sax malade qui complètent ce qu’il est convenu d’appeler un grand morceau.

On note aussi un art consommé du gimmick, de la répétition qui marche, sur laquelle vient se greffer des éléments plus inquiétants comme les cuivres synthétiques sur Abundance ou la distorsion de Bird In Hand, ou un autre sax malade sur le lancinant Falling From The Same Place. Ça n’essaie pas de faire semblant d’être de l’organique, l’effet étrange est privilégié. Ce qui rend le tout bien moins ludique et plus troublant que ce que produit la bande de Portland.

Ce qui les rapproche d’artistes comme James Stewart (Xiu Xiu). Haege a sa patte qu’on aime retrouver. Sans l’odeur de soufre sans doute mais il fréquente les mêmes sommets. On aime en tout cas cette densité, cette complexité qui ne devient jamais obscure. De plus, il s’éloigne aussi de ces deux faciles comparaisons. Notamment parce que son chant peut aussi se délier au besoin. Voire se rapprocher de celle d’Alex Turner, ce qui confère un petit côté ‘Arctic Monkeys de bastringue’ à Art of Not Knowing et supporte bien le chaloupement d’I’d Run. C’est une particularité et ça va bien à ces morceaux. Il peut donc faire des morceaux moins barrés. Du moins dans la composition, parce question arrangement, on n’est jamais dans le consensuel. Ajoutons cinq vignettes sonores avec voix féminines dans 5 langues différentes pour l’exhaustivité.

Joe Haege est définitivement un artiste à suivre. Dans cette zone qu’on aime beaucoup entre morceaux catchy et bizarres à la fois, il arrive à imposer sa personnalité et si les références citées vous plaisent, il n’y a pas une hésitation à avoir.

    Article Ecrit par marc

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