mercredi 1er novembre 2017, par
C’est Amélie Nothomb qui nous a rapporté qu’on devait autrefois témoigner son respect envers l’empereur du Japon en montrant stupeur et tremblement. Sans doute qu’à ce niveau, on en fait toujours un peu trop pour la formation canadienne Godspeed You ! Black Emperor mais force est de constater qu’ils possèdent ce peu d’artistes ont à ce niveau, une véritable aura. Qu’ils fatiguent ou fascinent (les mêmes personnes en même temps parfois), ils imposent un respect. Pour reprendre doute qu’on en fait toujours trop face à eux, mais c’est aussi un des plaisirs procurés.
Quand ils se sont reformés il y a 5 ans déjà, on était déjà bien contents d’avoir un album (de très bonne facture forcément), de pouvoir enfin les voir en concert. Ils ont fameusement maintenu le cap, sachant qu’ils n’ont de toute façon jamais livré d’album faible. Plus que leur style finalement immuable, c’est surtout la structure et l’organisation des albums qui distinguent leurs livraisons.
Alors qu’on retrouvait une suite cohérente et volontiers complexe sur Asunder, Sweet and Other Distress, on retrouve ici deux morceaux en une pièce et deux autres saucissonnées en trois, comme au bon vieux temps du rock progressif.
Undoing A Luciferian Tower est morceau d’introduction assez classique en leur chef, forcément majestueux mais qui s’apprécie mieux dans le contexte d’un album. Fam/famine est un morceau qui se suffit à lui-même, avec assez de majesté. Leur pouvoir de chaos est assez insurpassable, leur laissant une franche longueur d’avance sur tous ceux qui voudraient s’y frotter. Lesquels ne s’y risquent qu’en marge.
Ils déploient donc toute leur verve sur deux pièces en trois parties chacune, avec une progression indéniable. Ils ressortent pour l’occasion les cornemuses (ou autre instrument s’en approchant). La première partie de Bosses Hang est ainsi lancinante, avec mise en place bien fichue du thème récurrent en version ample et majestueuse. La deuxième partie part sur le tempo et une répétition entêtante. On sait qu’avec l’arsenal déployé, ils sont inarrêtables. Et ils ne s’arrêtent pas là, avec une troisième partie qui les amène tout là-haut, avec un riff simple mais lancinant, composé couche par couche et proprement irrésistible.
La première partie d’Anthem for No State fait partie de ces morceaux faussement calmes. Si vous le prenez en son milieu, il y a déjà beaucoup d’instruments, de couches qui s’entrelacent. La troisième partie propose ainsi un climax paradoxal, une ampleur majestueuse et toujours un peu inquiétante, un apport de luminosité par le violon de Sophie Trudeau
C’est évidemment pour ces moments-là qu’on est venus et qu’on reviendra encore. On vient chercher son adrénaline ici, les moments terrifiants qui balayent en un basculement d’accords la parfois trop longue mise en place. En gros, Godspeed n’accepte toujours pas le compromis et rame décidément à contre-courant de la culture actuelle de la playlist qui remodèle le paysage musical.
Cet album de Godspeed est plus ‘lisible’ que le précédent, comporte moins de moments bruitistes et de paquets de sons. Son accessibilité permet de l’écouter encore et encore, dans toutes les circonstances et toutes les humeurs. Parce qu’ils gardent un peu de chaos, beaucoup d’intensité, de la noirceur et de la lumière, on retrouve le groupe canadien en terrain connu, territoire qu’ils sont décidément les seuls à habiter, qu’on aborde comme il se doit avec stupeur et tremblements.
Ce qui est rare est précieux. Et dans un contexte musical où le post-rock se raréfie, les plaisirs que confèrent une formation comme Mono ne sont pas reproductibes par d’autres genres et deviennent d’autant plus précieux. Mais cette rareté ne confère pas pour autant le statut de chef-d’œuvre au moindre album du genre, loin s’en faut même.
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