mercredi 16 mai 2018, par
On n’aborde pas un album d’Okkervil River comme n’importe quel autre. Année après année, la connivence s’est installée au point d’attiser l’attente. De plus, un concert acoustique récent avait encore augmenté l’envie. On a l’impression de connaitre Will Sheff, leader indéniable d’une formation à géométrie variable qui l’accompagne.
On était avec lui la veille de l’élection de Donald Trump et visiblement c’est un événement qui l’a un peu mortifié (l’élection hein, pas le concert…), ce qu’il a compensé par un désir d’écriture. Lequel débouche paradoxalement sur une lumière qui transparaissait moins dans ses œuvres passées.
Première constatation, le son est très différent de ce qu’on a pu entendre de leur part au cours des années. Away présentait déjà une certaine rupture avec un line-up presque entièrement renouvelé. Ici, c’est un son super lisse, très pro. C’est forcément parfaitement exécuté mais nécessite un temps d’adaptation. Une fois ce relatif obstacle franchi, on retrouve tout le plaisir d’écouter un album d’Okkervil River. Cela dit, chacun tracera sa ligne rouge, qui pour moi est franchie avec Shelter Song.
Il faut aussi plus de temps pour faire la part des choses et découvrir qu’une chanson comme Love Somebody peut certes montrer des arrangements très passe-partout mais aussi des moments bien percutants. D’ailleurs, en de nombreuses occasions, on ne peut s’empêcher de penser à ce que donneraient ces morceaux dans d’autres atours ou en concert où la formation (quel que soit sa composition d’ailleurs) est souveraine.
Mais ce qui est immuable, c’est la finesse d’écriture et l’intensité d’interprétation. Il semble donc un peu plus positif qu’à son habitude malgré un sentiment de solitude parfois marqué. Sur le très évanescent dans sa forme Family Song, il clame I’m alive/I’m alive comme un motto. Du reste on retrouve sur certains morceaux un souffle épique impressionnant. The Dream and The Light a une fin un peu poignante pour montrer qu’en termes d’engagement, il n’a de leçon à recevoir de personne, même pas de Bruce Springsteen dont il partage la tension. Cette veine plus héroïque avec une mélodie lancinante ne recule d’ailleurs pas devant un solo de sax comme avec l’E Street Band. On apprécie aussi particulièrement la force de frappe de Pulled Up The Ribbon ou le gros chorus final de Human Being Song.
C’est quand même un des rares auteurs (le seul) à se lancer dans une chanson sur la trachéotomie. Ce contraste entre un thème bien rude et assumé frontalement et une musique très policée fonctionne en plein et évite tout pathos inutile, quitte à donner un air étrange. Il faut dire qu’il a lui aussi subi l’opération dans son enfance. Il termine sur une référence au fameux Waterloo Sunset des Kinks puisque Ray Davies fait partie de la liste de ceux qui sont passés par ce moment douloureux.
Plus lisse d’aspect et parfois presque évanescent, cet album propose tout de même quelques moments de bravoure et peut se reposer sur la finesse d’écriture et l’engagement hors normes de son leader Will Sheff. Okkervil River est sur une très bonne série en cours qui ne semble même pas menacée par l’immobilité et confirme qu’il est un des grands groupes américains de l’époque.
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
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