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Séance de rattrapage #68 - O Terno, Ryder Havdale, Second Still

mardi 26 juin 2018, par marc


O Terno - Melhor Do Que Parece

Même si je n’ai pas fait de recherche extensive sur ce site, il ne semble pas que la pop brésilienne chantée en Portugais soit très représentée. C’est chose faite maintenant et si cet album s’est frayé une place jusqu’ici c’est le fait d’un peu de hasard mais aussi parce que sa haute teneur en soleil est bien revigorante.

Cet album originalement sorti au Brésil en 2016 et précédé de bonnes critiques dans la presse de l’endroit (y compris dans l’édition brésilienne du Rolling Stone) bénéficie d’une diffusion européenne. Ils ont en tous cas des arguments pour se différencier et attaquent d’emblée et contient déjà un peu de guitare acide.

Leur revendication expérimentale n’est pas à prendre au pied de la lettre parce qu’il ne veut ici pas dire anguleux et rêche mais c’est sans doute la revendication de liberté qui a façonné l’étiquette. Pour le reste, c’est tout-à-fait digeste et varié, entre les guitares psyché et ensoleillées de Não Espero Mais et le plus langoureux Minas Gerais en passant par les violons de Nó et la remontée vigoureuse sur Lua Cheia ou le blues de Vamos Assumir. Le résultat peut aussi suinter la coolitude des bons Walkmen (Lua Cheia) avec des chorus plus solides encore. Mais ils se font parfois plus incisifs que cette éventuelle référence américaine. Bref, une solide formation qu’il est plus qu’intéressant de découvrir.

Ryder Havdale - Candy Haven

Musique électronique est un terme recouvrant trop de réalités pour être vraiment pertinent. Alors oui, ceci en est, et pourrait se situer dans cet espace finalement très large qui est aussi habité par des gens comme The/Das.

Comme souvent, et c’est une considération personnelle, ce sont les voix qui définissent le plaisir d’écoute. Vocodées et incorporées au son comme sur Berlin Lights, on applaudit. Placide sur Cave Drawings, ça marche aussi, même si on se dit qu’on n’aurait pas regretté qu’elle soit plus discrète. Par contre, le mélange autotune/mélodie sirupeuse de Partners in Crime passe moins. Chasing Unicorns est quant à lui plus percutant parce qu’on sent une belle interaction entre les voix et une mélopée plus lancinante.

On le préfère donc quand il laisse plus d’espace à l’instrumental Don Caballero pour qu’il déploie son intensité ou au contraire quand il lâche les bourrins dans le champ en toute décontraction sur My Heart’s a Mess. On apprécie aussi la house digne de Good Girls et on se dit aussi que Don’t Cave In est le genre de morceau qui aurait pu se trouver sur un Bon Iver récent.

S’il passe ma ligne rouge personnelle en quelques occasions pour un mélange autotune/house mollasse, il y a bien des choses à apprécier sur cet album du producteur Ryder Havdale. La texture du son et la densité qu’il en obtient frappent en effet souvent juste.

Second Still - Equals EP

Dans les genres bien balisés, on s’intéresse tout d’abord à la sincérité et à la compétence. Ainsi, le groupe de Los Angeles étrangement signé sur le label belge Weyrd Son Records se revendique coldwave. Le terme est presque exclusivement français et donc inattendu de la part d’une formation californienne. C’est tout pour le côté déroutant parce que le style du trio n’est pas trop compliqué à cerner.

Second Still, c’est de la new-wave synthétique et froide comme on en a entendu beaucoup récemment. Avec une guitare pleine de fuzz bien utilisée sur Ashes. Le genre de petit riff en bout de manche qui dégage toute la mélancolie voulue. Ces riffs d’accords mineurs font mouche, surtout quand ils prennent le temps d’installer la langueur d’Altar.

La voix, féminine, m’a paru proche de celle des Long Blondes sur Automata et c’est une particularité bien plaisante. Le style est connu, mais on prend toujours du plaisir à écouter ceux qui sortent comme ici un EP très bien fichu.

    Article Ecrit par marc

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