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Séance de Rattrapage #70 - The Field, Len0ir, Parade

vendredi 16 novembre 2018, par marc


The Field - Infinite Moment

Douze ans ont passé depuis le magnifique From Here We Go Sublime et malgré l’énorme coup de cœur qu’il a représenté à l’époque, on a un peu perdu la trace du projet du Suédois Axel Willner. Cinq albums plus tard, on retrouve sans trop de problème son art du sample assez délirant, à base de micro-extraits devenus méconnaissables et servant de matière première au son. On ne sait rien ici de leur origine, nous qui fûmes médusés un soir de concert de découvrir que ce qu’on écoutait était traficoté à partir de bouts de Lionel Richie.

On n’a plus la pulsation géniale et la surprise du premier album mais c’est une démarche assumée, l’exploration de paysages sonores (parfois à la limite du drone) faisant partie de son cahier des charges. Mais ce beat pneumatique est toujours là et c’est sur des morceaux comme Who Goes There qu’on le retrouve le mieux. A l’inverse, il ose se faire plus rêveur (Hear Your Voice).

Les morceaux sont longs, dépassant les 10 minutes parce qu’il sait que le temps joue pour lui, que ses imperceptibles variations effacent la monotonie. Il est rare qu’un artiste electro garde autant de personnalité sans trop se répéter ni user de marqueurs éculés. La marque des grands, sans doute.

Len0ir - Salon Lavoir

S’il y a une tendance que j’apprécie cette année, c’est la découverte ou la confirmation d’artistes francophones. En sus des habituels et de ceux qui penchent vers une musique pop voire electro en français, il y a des traditionalistes. Pas d’anglophilie ici, point de modernité forcenée non plus. C’est tradi voire conservatif. C’est une hypothèse de base, à vous de voir si c’est votre truc.

Une fois admis, ce principe prend une forme variée et parfaitement exécutée. On passe ainsi du rock de bastingue bien balancé de La Sorcière De La Rue De Brouckère (qui n’existe pas à Bruxelles au contraire de la place) au blues du Salon Lavoir (le sujet rappelle celui de Lavomaticde Florent Marchet) en passant par le swing du sauvetage d’Au Bord Du Précipice ou la belle envolée de Tu Fumes. Pas de doute, ce sont de grands instrumentistes.

Osons le dire, on aime un peu plus de modernité dans la chanson française. Mais si la qualité est votre ligne de conduite, il y a de quoi faire. C’est impeccablement mis en son et exécuté, chanté avec ferveur et compétence. Et puis la musique est mise en avant, ce qui les distingue aussi.

Parade - P

Formation française (Aude et Montpellier), Parade pratique le funk, ce qui n’est pas unique en soi mais leur force réside dans leur capacité à en tirer des pistes différentes. On les préfère dans leur veine un rien froide et robotique, comme si LCD Soundsystem prenait des vacances au soleil (Now).

La scansion de Downtown est très old-school, comme les sons de synthés. La force vient aussi de la rythmique bien carrée. Dans ce contexte, un titre plus passe-partout comme Under The Moonlight est appréciable alors que pris seul, ce morceau tendance Jimmy Cliff ne nous aurait sans doute pas fait chavirer. Ils savent qu’ils pourront plus facilement passer sur la vitesse (leçon apprise de l’aéronautique), ce qu’on constate aussi quand ils ralentissent le tempo (My tears)

La voix féminine est plus à son affaire sur Keep On Walking et c’est avec elle que le morceau prend son envol. Dans leurs qualités, on citera un accent raisonnablement frenchie, la belle énergie electro-funk sur 17, le chouette gimmick de guitare d’In My Car et leur abattage d’une manière générale. Plus solide que soul (ce qui personnellement nous convient fort bien), avec des accents old school, la musique de Parade arrive à bien claquer d’une manière générale. A vous de choisir votre dosage.

    Article Ecrit par marc

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