mardi 5 février 2019, par
Il y a des artistes, comme ça, qui en deux titres nous emballent et ne nous lâchent plus. Ne tournons pas inutilement autour du pot, le premier album du jeune Allemand Fabian Altstötter est vraiment très beau. Le style pratiqué n’apparait pas d’emblée comme original puisque ces balades amples au piano ont déjà été pratiquées. Mais un style a surtout besoin de morceaux forts pour s’incarner et il y en a tellement ici qu’on conclut au grand album.
Avec cette voix un peu affectée, on pense à Patrick Wolf qui aurait troqué son violon pour un piano (ce que Wolf fait déjà fort souvent). C’est très élégiaque parfois (Sally Ran) mais c’est parfaitement maitrisé, avec ce qu’il faut de morgue queer. On peut même penser à Scott Walker sur Black Hair. Voilà, on constate qu’on aime ça, qu’on l’écoute plus que de raison et que ça nous parle. Vous pouvez même ajoutez Nick Cave aux références même si la voix n’est absolument pas pareille.
Le très beau Wound Wrapped in Song a déjà été interprété avec Soap&Skin, ce qui est un gage de qualité. Et cette version-ci est en tout cas un des morceaux qu’on écoutera le plus cette année, c’est certain. Il part d’ailleurs en première partie de l’Autrichienne qui a un bon pedigree de programme d’ouverture (Fink, Nils Frahm…). En l’état c’est un de ces moments où on se dit que certains artistes peuvent vraiment nous faire vibrer encore et encore. La marque des grands si vous voulez mon avis, surtout que l’étreinte de se desserre jamais au long de cet album.
Il y a de l’ampleur donc et des ornements au top. On apprécie dans ces cas-là la guitare acide d’In Too Deep ou de Sally Ran. Elle est due d’ailleurs à P.A. Hülsenbeck dont on vous a parlé récemment à la guitare. Sur la fin de Love Is, on bascule vers autre chose, de plus étrange et plus dense à la fois. La fin de Systems, morceau rehaussé de beats a ainsi un final en guitares rêches. Ces morceaux languides décollent donc aussi, et ce procédé n’est jamais systématique
Pour ceux qui aiment la langueur et l’ampleur, ceci est un conseil sans réserve. On aime ça comme on a aimé Einar Stray il y a quelques années. To Be Someone Else se place dans cette lignée. Ma première très bonne surprise de 2019 est bien là. Si les noms de Patrick Wolf ou Antony ou Rufus Wainwright vous sont chers, il n’y a vraiment pas d’hésitation à avoir, ce que propose le jeune Allemand est du même niveau et de la même constance. On sent qu’on ne va pas le lâcher de sitôt et c’est le premier aller simple vers les albums de l’année en cours.
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