lundi 11 février 2019, par
On se rend compte des efforts intenses qu’il faut développer pour se singulariser en 2019. Ne pas se laisser submerger par la masse de groupes plus ou moins identiques réclame en tous cas un bel engagement mais dans le cas qui nous occupe aujourd’hui, on peut conclure que ces efforts payent.
A la base, le concept de ce duo est la combinaison du buke (ukulele bariton) et de gase (guitare basse) qui donne son nom au projet new-yorkais. La voix d’Arone Dyer semble proche de celle d’Emily Haines (Metric). Elle a d’ailleurs une belle référence pour être présente sur The System Only Dreams In Total Darknessde The National. Le traitement de la voix est aussi très étudié, plus mystérieux sur Eternity. On songe à la répétition lancinante de The Kills mais sur un mode bien plus élaboré. Bon, on ne cautionnera pas toujours le vocoder de Temporary mais d’une manière générale, cette voix est un des points d’attraction du groupe.
Musicalement, on parlera de pop un peu âpre et aventureuse. J’imagine qu’on sort le label art-pop dans ce cas. Pop parce les mélodies sont là sous la carapace de son, sous les exosquelettes qui structurent ces morceaux mais arty tout de même parce que s’ils n’ont pas simplement voulu épicer des bluettes, le travail sur le son donne une épaisseur certaine au propos, relançant les morceaux à intervalles courts et réguliers. La plage titulaire en est un bon exemple.
Dans les affinités électives, ceci plaira davantage à ceux qui apprécient des choses comme White Wine (ou les projets de Joe Haege d’une manière générale) ou Menomena. Ou St Vincent dont Pink Boots pourrait être une version moins clinquante. Pensez à Metric produit par James Stewart si vous tenez absolument vous en faire une image mentale avant d’attaquer l’écoute ci-dessous qui reste bien conseillée. Des stries de guitare rehaussent le tout (Grips) et on note d’une manière générale de bien habiles constructions. Tout n’est pas bizarre et il y a bien des morceaux qui facilitent l’écoute intégrale. Dans ces chemins de traverse finalement plus fréquentés qu’on ne le pense, le duo de Brooklyn propose un album solide et aventureux qui devrait trouver un bon public.
Comme un Perfume Genius qui a émergé à la même époque, Trevor Powers est passé de petit génie de la bedroom pop intime à singer/songwriter aux possibilités pas encore complétement cernées. Le point de départ de cet album est la découverte d’anciennes vidéos de son enfance retrouvées dans la cave de ses parents. C’est pourquoi on entend beaucoup d’extraits de vidéos, de conversations. (…)
Il y a des artistes qu’on côtoie depuis très longtemps, dont l’excellence semble tellement aller de soi qu’on est surpris qu’ils arrivent à se surpasser. On la savait sociétaire d’un genre en soi dont d’autres membres seraient Angel Olsen ou Emily Jane White, voire Bat For Lashes. De fortes personnalités à n’en pas douter. Mais sur cet album, le ton est bien plus rentre-dedans que chez ses (…)
On a déjà avancé l’idée que The National serait le plus grand groupe de rock du monde. Ou alors pas loin. Mais sans doute par défaut. Il faut dire que leur succès est arrivé sur le tard et presque malgré eux. Ils peuvent se targuer d’une impressionnante discographie. Et puis il y a cette sensation que les albums s’enchainent sans que leur statut n’impose leur contenu. Ils arrivent à avoir des (…)
Jamie Stewart est un artiste qui fait de la musique excitante. De combien pouvez-vous dire ça ? On ne veut pas dire qu’il a toujours tout réussi, tout le temps, mais on prend toujours de ses nouvelles avec une curiosité certaine. On sait qu’on va être surpris, un peu secoués et peut-être même un peu soufflés. Ou même beaucoup soufflés dans le cas qui nous occupe, à savoir le successeur du (…)