jeudi 28 février 2019, par
‘Comment ne pas devenir un gimmick ?’ est la question ardue à laquelle Zach Condon a su répondre après un début de carrière (littéralement) en fanfare. Le style était tellement affirmé qu’il a fallu trouver des astuces, lesquelles ont aussi mené à des impasses comme l’incorporation ratée d’électronique. Les sorties étant maintenant espacées de quatre ans (contre un entre les deux premiers), voyons où en est le groupe américain.
D’emblée, on dirait que le panache est volontairement mis sous l’éteignoir. Donc la flamboyante mélancolie des fanfares a fait place à une mélancolie qui suite un peu la gueule de bois. Tout est question d’impression bien entendu mais là où la volonté est sans doute d’évoquer le spleen et la langueur (on peut le supposer), on ressent aussi l’ennui qui est distillé et prend occasionnellement le pas sur le reste. Mais Beirut reste Beirut et leur personnalité permet de retenir l’auditeur écoute après écoute. Lequel reviendra surtout pour ces cuivres plus présents (Gallipoli) et ces chorus en apesanteur (Varieties of Exile).
Quand on compare Beirut à d’autres formations américaines d’un genre connexe telles que Shearwater, Okkervil River, Calexicoou autres Midlake, on peut constater un certain déficit en technique pure. Il avait fallu tout le talent d’Owen Pallett pour que leur meilleur album (The Flying Club Cup) donne tout son potentiel. Never Lived Here pourrait d’ailleurs être une version light du maitre canadien. C’est potentiellement une des raisons qui personnellement nous laissent à la lisière de cet album et est assez manifeste comme toujours sur les instrumentaux (et en concert). Les sons plus stridents sur On Mainau Island ne sont pas le meilleur moment de ce Gallipoli plutôt minimaliste.
Ce cinquième album est peut-être une invitation au voyage mais pas en mode touriste et couleurs flashy, le tempo étant volontairement avachi (I Giardini, Gauze Für Zah). On sent que le déficit de souffle n’est pas fortuit, que cet album est censé représenter une forme de lassitude. C’est un apriori forcément risqué parce que le résultat peut simplement se révéler fade. Ce n’est pas vraiment le cas ici mais on sait que ce Gallipoli, même s’il semble conçu spécifiquement comme un coup de mou, ne fera pas date dans la discographie du groupe. Reste que le potentiel de sympathie de la bande de Zach Condon est suffisant pour qu’on continue à la suivre dans une carrière qui s’étoffe et varie.
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
Toujours aussi (...)
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