lundi 11 mars 2019, par
Comment ne pas tourner en rond et donner le meilleur d’un talent qu’on sait bien grand ? Conor Oberst a trouvé plusieurs possibilités. Revisiter ses propres albums et leur donner une autre coloration et se ressourcer au contact d’autres artistes, voilà déjà deux solutions. Après avoir retravaillé son formidable Ruminations en Salutations, il s’est une nouvelle fois allié à d’autres artistes. On rappelle au passage qu’outre les albums sous son nom propre ou avec Le Mystic Valley Band il a fait partie des projets Monsters of Folk (avec entre autres M Ward et Jim James de My Morning Jacket), Commander Venus et surtout Bright Eyes.
Celui-ci le voit collaborer avec la chanteuse Phoebe Bridgers. Intrigués par cette voix et cet album, il a fallu un peu creuser le sillon boygenius (le groupe qu’elle forme avec Lucy Dacus et Julien Baker) jusque-là inconnu de mon bataillon. Encore une fois c’est KEXP qui a permis un rattrapage en bonne et due forme lors d’une de leurs fameuses sessions toujours parfaites. Ce n’est pas une surprise mais c’est tout simplement magnifique, sincère et simple, relevé sans être pompier. Faites vois plaisir, allez voir ça et enchaînez avec une autre avec Phoebe et son groupe. Voilà, on en sait un peu plus, on retourne vers l’album avec la confirmation que c’est une conjonction de talents à l’œuvre, qu’Oberst n’a pas choisi une choriste. L’écriture aussi est partagée même si on ne sait pas trop qui a fait quoi. Mais c’est secondaire.
Ce qui ne l’est pas par contre c’est que la conjonction des deux voix fait mouche dès l’entame. Pour le reste, l’amateur ne sera pas décontenancé, et pourra même compter sur plus de densité sonore sur Exception To The Rule, ce qui peut rappeler le fameux Digital Ash for a Digital Urn de Bright Eyes, une belle envie sur l’intense de Dylan Thomas, une vraie force électrique (et attaque sur Trump) sur Big Black Heart qui est là pour pousser le texte, voilà ce qu’ils déploient pour emporter la mise.
Si rien ici n’est vraiment pastoral ou orienté vers le feu de camp, ils n’ont pas besoin de grand-chose pour convaincre. Une guitare acoustique sur Service Road et c’est déjà très beau, une mélodie renversante suffisant à Chesepeake. Dominos est une reprise de Taylor Hollingsworth qui est aussi membre de Conor Obest and The Mystic Valley Band. C’est tiré d’un album sorti en décembre 2018, on ne peut pas dire qu’ils ont attendu pour le coup. Bon, le gros solo de guitare n’est pas d’un gout exquis mais on ne boudera pas leur plaisir visible.
S’il apparaît comme un rien passe-partout de prime abord, cet album ne tarde pas à distiller ses charmes et rappeler à quel point Conor Obest est un des grands talents de l’époque et sait s’entourer. En plus d’être déjà gratifiant en lui-même, Better Oblivion Community Center nous permet de découvrir (si ce n’est fait bien évidemment) l’univers de Phoebe Bridgers et de ses extrêmement talentueuses collègues. C’est déjà beaucoup, non ?
Difficile de revenir après plusieurs années d’absence, surtout si on était associé à un courant qui s’est un peu éteint. C’est en effet dans la vague freak-folk, mêlant écriture et musique aérienne et organique à la fois qu’on avait placé DM Stith. Avec son pote Sufjan Stevens ou autres Grizzly Bear, il était même un des plus éminents représentants de ce style qui nous a valu bien du plaisir.
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