vendredi 26 avril 2019, par
Chris Marker disait que l’humour est l’ultime politesse du désespoir. Cette citation attribuée à un nombre élevé d’auteurs semble en tous cas bien s’appliquer au dernier album d’Andrew Bird. En dépit du nom, ceci n’est pas un best-of. Plutôt une manifestation de son humour particulier, tout comme cette pochette qui le voit en Marat.
On détecte bien vite que sous une surface brillante (on y reviendra), il a la sensation que quelque chose flotte dans l’air
It feels like 1936/In Catalonia
sur Bloodless dont le gimmick est Bloodless/For now). Il enfonce un peu plus le clou plus tard :
I’m coming to the brink of a great disaster\End just has to be near\The Earth spins faster, whistles right past you\Whispers death in your ear\Don’t pretend you can’t hear\Don’t pretend you can’t (Manifest).
Musicalement, il se peut a peut-être évacué ses inclinations plus expérimentales et formelles dans sa série Echolocations et il continue ici sa veine éminemment accessible qui nous avait déjà bien enchanté avec Are You Serious ? Ce n’est plus vraiment le violon qui tient les avant-postes et on devine les morceaux moins orientés vers la pédale de loop. Donc il abandonne une façon de faire très reconnaissable pour une intégration plus subtile et il faut plus de confiance pour s’autoriser ça. Evidemment, il reste quelques marqueurs forts, il reste un des seuls qu’on peut identifier d’un simple sifflement ou quelques notes de pizzicato. C’est un excellent chanteur, ce que sa virtuosité a pu cacher un peu. Qui pourrait tirer à ce point le meilleur de Bloodless ?
Bird est un artiste fractal, qu’on peut regarder avec plusieurs niveaux de détail. Le son est de très haut niveau, c’est l’intégration qui est dingue. Sur Cracking Codes, le piano, les cordes et le petit sifflement forment un tout. On reconnait des bribes de paroles qu’on avait déjà retrouvées ailleurs mais la fausse simplicité désarmante de Cracking Codes explose sur sa seule mélodie et c’est vraiment grand. Le son de batterie est aussi formidable et c’est (aussi) cette finition hors normes qui évite toute sensation de mainstream et est addictive. Si Olympians n’est pas linéaire, il reste bien accessible, avec des vrais moments d’exultation dedans. Pas d’esbroufe non plus dans le chorus final de Bloodless.
On retrouve également des bribes de ses aspirations plus rock et lyriques d’Armchair Apocrypha et une inspiration littéraire. Il commence par imaginer Sisyphe qui aurait décidé de ne plus rouler sa pierre et au long de l’album on entendra des citations de psaumes, des références à Yeats.
Etrangement, cette excellence constante ne génère pas de grosse décharge d’adrénaline à la première écoute. Mais une fois admis que My Finest Work Yet est un excellent album, solide et accessible, on retrouve cette touche personnelle pour bien montrer qu’on écoute Andrew Bird et personne d’autre. Cet album s’impose non seulement comme un jalon pour l’Américain, mais aussi pour l’année en cours. Le titre de l’album sans doute donné par dérision contient une grande part de vérité.
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