vendredi 3 mai 2019, par
On avait déjà copieusement apprécié ce que faisait Carl Roosen en tant que Carl ou Carl et les Hommes-Boîtes ou Facteur Cheval. Il est donc logique que l’attachement se poursuive avec Peritelle. On ne lui en veut même pas d’avoir pondu des textes pour le rejeton Geluck (Antoine Chance donc). C’est un de ces cas-limites où la subjectivité joue en plein. On ne va pas le nier, il faut même le reconnaître.
Tout est question de ton et de collaborations. Ses partenaires de jeu sont ici Julien Campione (Versat Versatyl), Rémi Zombek et Simon Carlier. Avec le premier nommé il partage l’écriture et les deux autres se chargent des instrumentaux. Le résultat est donc sensiblement de ce qu’on avait entendu dans ses groupes précédents, avec une franche inclination vers le hip-hop.
Cette prise de micro à deux fonctionne en tous cas. On va vous épargner les insupportables clichés du ‘décalage’ et du ‘surréalisme à la belge’ mais cette incursion d’éléments d’un imaginaire brillant au sein d’un naturalisme franc est une autre caractéristique du fantastique cher à notre petit pays. On ne sera donc que moyennement étonnés de voir que leur relecture du gangsta-rap se fait à travers la vision d’une loutre ou qu’un blob peut se retrouver au coin d’un bois.
L’humour sert aussi comme souvent comme politesse du désespoir sur Romance et ces visions hallucinées de mort imminente distillent logiquement un spleen tenace. On oscille aussi entre premier et second degré et comme toujours dans ce cas, il faut une solide maîtrise pour ne pas que la gaudriole prenne le dessus. Ce ne sera jamais le cas , l’humour froid et les fulgurances tenant toujours les avant-postes.
Ce court album n’est pas à proprement parler métaphysique mais on distingue à plusieurs moments des considérations narquoises sur l’origine et le devenir de l’homme. De façon pointilliste, sans avoir l’air d’y toucher, sans jamais donner de leçon.
Musicalement, les deux comparses livrent une prestation plutôt synthétique, privilégiant les ambiances rêveuses aux beats ravageurs. Lesquels sont là tout de même pour tirer Salle des Machines au dessus de lui-même. Voilà, ça c’est ce qu’on peut expliquer. Ce qu’on n’arrivera pas à définir par contre, c’est pourquoi on a eu tellement de bribes de ces morceaux en tête récemment, pourquoi ces artistes nous parlent tant. A vous de voir si vous nous rejoignez dans ce monde un peu dingue et paradoxalement humain.
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