mercredi 30 octobre 2019, par
Étrange trajectoire musicale que celle de Pierre Lapointe. On a connu des albums qui alliaient une émotion littéraire pure et une audace formelle, laquelle pouvait se faire dans les chemins plus (La Forêt des Mal-aimés) ou moins (Punkt) balisés pour un résultat qui marque la chanson française. Et puis il y a eu ces albums en piano-voix, touchants parce que c’est un interprète hors-pair qui peut se frotter occasionnellement sans dommage à des intouchables du patrimoine (Brel, Ferré et Barbara en tête).
Depuis on a eu un mélange des deux sur La Science du Cœur, ce qui nous a donné au passage une renversante plage titulaire. On a vite oublié aussi le défoulement des Beaux Sans-Cœur qui montrait une nervosité musicale qui semblait plus proche des baby-boomers que de gens de sa (de notre) génération.
La charte graphique de la pochette assez comparable avec celle de Paris Tristesse et La Science du Cœur, donc assez réussie et plutôt moderne. Du côté tenues, on est une fois encore proche de l’avant-garde du stylisme, voire de l’art contemporain. Donc, on est assez surpris d’entendre un album aussi sage, voire presque vieillot dans la forme. C’est l’ami Albin de la Simone qui est à la réalisation de cet album et le résultat est forcément sobre. Mais si les excellents derniers albums d’Albin étaient simples, on les a perçus comme intemporels et au foisonnement discret. Le hasard du calendrier veut aussi que cet album sorte en même temps que celui de ses voisins francophones de Corridor et enchaîner les deux revient à passer de Deerhunterà Barbara. Ce n’est pas un jugement de valeur (on adore les deux) mais c’est troublant.
L’enrobage est donc acoustique (Amour ou Songe) et sa façon d’y chanter est pour le moins traditionnelle, avec des chœurs jolis tout pleins et gorgés d’années soixante. Rappelons tout de même qu’il reste un grand interprète. Les mélodies d’ailleurs lui font honneur (Le Monarque des Indes). On connaissait déjà quelques-uns de ces titres comme La Plus Belle Des Maisons qui était sur Paris Tristesse ou Un Cœur Qui Saigne écrite par Félix Dyotte qu’on retrouve avec un plaisir certain. Il y a aussi le très beau duo avec Clara Luciani mais elle qui peut aussi pratiquer une modernité sans complexe sonne aussi un peu vintage.
On avait aimé le piano-voix, voici des versions presque acoustiques. Un album de Pierre Lapointe est d’office impeccable, touchant et sincère mais au double regard de sa production passée et de ce que font certains autres qui fréquentent nos oreilles pour le moment, il est marqué d’un classicisme tel qu’il peut apparaître daté. Ses audaces formelles nous manquent pour tout dire.
On avait déjà confessé un goût prononcé pour ceux qui abordent la chanson française avec des envies résolument indé. Dans ce contingent, Volin nous avait beaucoup plu et on retrouve son leader Colin Vincent avec plaisir sur ce nouveau projet. Si on retrouve la même propension à garder des textes en français sur des musiques plus aventureuses, le style a un peu changé.
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