Accueil > Critiques > 2020

Mauvais - Tout Va Bien

vendredi 8 mai 2020, par marc


Il y a plusieurs définitions de l’amitié mais on conviendra qu’on aime être proche des gens avec qui on peut rire mais aussi se confier. Sans aller jusqu’à dire que Mauvais est un ami, leur message doux et amer, amusant parfois et souvent moins remplit un album à plusieurs visages, avec un sourire de façade (et un nom) qui trahissent plus de pudeur que d’envie de gaudriole.

Un groupe belge qui s’appelle Mauvais qui sort un album intitulé Tout Va Bien le 1er avril en plein confinement généralisé, on peut dire qu’il maîtrise l’ironie et le second degré. On le savait depuis le formidablement nommé Pour Toi Je Peux Devenir Gérard Depardieu. D’ailleurs, le pendule entre le premier et le second est la ligne directrice de leur discographie et de cet album.

Le premier domine sans surprise, épicé d’un décalage (mot fourre-tout mais inévitable en l’espèce). On passe de l’un à l’autre avec fluidité, profitant au passage d’une belle versatilité. Un bel éclectisme que l’élasticité vocale ne permet pas toujours. On passe ainsi du naturalisme mâtiné de violon sur Constantin au soleil musical sur Pas Mauvais. Le liant est aussi apporté par une belle utilisation de l’énumération, de l’idée déclinée à l’envi (Compliqué). Le groove est de sortie sur Vieux Bandit et quand ils se lancent dans une chanson d’amour touchante, il y a des surgissements.

Mais son sourire sur les terrils de Charleroi (Tout Simenon)

Et puis l’album dévie, prend au passage une tenace mélancolie avec le presque crooner Dormir Ici. Mais le minimalisme de J’ai Trahi n’est que temporaire avant que le morceau ne reparte pour de bon. Ces climats sont aussi souvent bien captés. Dans un contexte pareil, difficile de trouver des ressemblances littérales, et c’est tant mieux. On pense parfois à Mickey 3D mais Rire et Chansons est plus proche du romantisme noir de Jacques Duvall. C’est vraiment pour l’anecdote qu’on pense à Zombie sur le final intense Fantôme.

Le fort à propos On a Connu Pire est sans doute avec le contexte de la sortie et son lancinant gimmick la pièce marquante de ce second album. C’est d’autant plus remarquable que ça n’a pas pu être prémédité. Ce groupe au nom impossible mais tenace vient donc confirmer l’attachement qu’on avait pour lui et montre qu’il est le seul à faire ce qu’il fait. Et à le faire très bien.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • The Imaginary Suitcase – A Chaotic Routine (EP)

    Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)

  • iAROSS – Ce Que Nous Sommes

    Même si un peu de documentation est souvent fournie, c’est souvent au moment de boucler un article qu’on vérifie des faits, qu’on collecte des informations. Bref, alors que je m’apprêtais à dire que la voix du chanteur de iAROSS me faisait furieusement penser à celle de Colin Vincent entendu chez Volin et Muet, il se fait que c’est lui aussi qu’il a été guitariste de cette formation. Mais (…)

  • Sophia Djebel Rose - Sécheresse

    Rien n’est plus plaisant que de constater l’évolution des artistes. On avait déjà rencontré l’univers particulier de Sophie Djebel Rose, apprivoisé son ton particulier, on apprécie d’autant plus la façon dont elle élargit elle-même son univers. Moins folk, plus franchement gothique, ce second album la rapproche d’artistes comme Anna von Hausswolff dont elle ne partage pourtant pas la rage (…)

  • Garz - Sur Commande

    Un talent ne vaut rien s’il n’est pas utilisé. C’est peut-être ce qui pousse Garz à composer et écrire pour des spectacles, pièces de théâtre et autres documentaires. Ce sont ces morceaux, soigneusement triés qui constituent ce Sur Commande. Le résultat donne l’impression d’écouter un album varié plus qu’une compilation hétéroclite. Un excellent point, déjà.
    Plus qu’un chanteur, Matthieu (…)

  • Endless Dive – Souvenances

    On ne va pas tourner autour du pot, si vous tenez à apposer une étiquette sur votre flacon d’Endless Dive, celle de post-rock adhèrera. Mais on est clairement à la limite du genre, avec une vraie personnalité qui dévie souvent vers le folktronica. Il faut dire que le ton très fortement mélancolique est encore augmenté par des incrustations de sons et dialogues fixés sur VHS ou cassette, voire (…)

  • The Ultimate Dreamers - Paradoxical Sleep

    Ce qui est étonnant avec les retours, c’est qu’on ne sait jamais combien de temps ils vont durer. Groupe actif dans les années ’80, ils étaient revenus il y a deux ans le temps d’un Echoing Reverie qui montrait un savoir-faire et une versatilité qui n’était pas à la portée du premier débutant. Ils sont donc de nouveau là pour de bon et on peut dire que les qualités perçues alors ne se sont pas (…)

  • Pale Grey – It feels like I always knew you

    Quelle est la vie des gens qui nous entourent, de ceux qu’on côtoie dans le bus par exemple ? C’est cette matière bien réelle mais fictionnelle qui sert de base thématique au troisième album des toujours brillants Pale Grey. Ils proposent ainsi quelques biographies fantasmées, avec 12 noms pour autant de morceaux et un peu moins de clips.
    De quoi asseoir thématiquement un album maitrisé de (…)

  • Lou K. - Obscurité

    Le hasard fait qu’on a dans la pile plus de disques furieux que d’habitude. Ou alors c’est un contexte musical dont on ne perçoit que des bribes. Ce qu’on aime aussi, c’est qu’il y toujours sur ces albums ces moments ou la tension ne passe plus par une certaine violence. Et pour cet album qui voit Raphaële Germser et Audrey Dechèvre entourer Lou K (Lucie Lefauconnier), ça n’a pas raté non (…)