jeudi 27 août 2020, par
Ce qu’on entend sur le premier album du compositeur de Rostock Christoph Dahlberg s’écoute presque s’en rendre compte, ce qui peut être vu comme une qualité ou un défaut. Notre naturel positif nous fait choisir la première option parce que jamais on n’a été rebuté ni même senti poindre le premier signe d’ennui. Time est plein d’electro languide et foisonnante à la fois, comptant beaucoup sur des sons glitch mais qui ne doivent pas faire oublier qu’il y a de la structure ici. Laquelle est notamment apportée par des bribes de voix féminines (Guardians) ou des voix éparses sur le plus mélancolique Never Good Bye (d’ailleurs sorti en single).
Il se dégage aussi une mélancolie légère de Gravity, en faisant le complément sonore idéal pour reprendre les transports en commun par un matin grisâtre. Donc non, pas essentiellement à sa place en cet été de post-confinement. Mais ce n’est pas pour ça qu’elle semble déplacée. Mais il peut aussi jouer sur un registre presque enjoué (Next To Me) ou se laisser tenter par des accents trip-hop sur Cloutz. C’est d’ailleurs un des seuls moments où le chant prend les devants. Donc c’est une enveloppe musicale de haute volée qui nous est proposée ici.
Quand la présentation d’un album se concentre sur les évocations et l’humeur de l’auditeur, on sait que le plaisir d’écoute sera inversement proportionnel à la facilité de commentaire. Et dès l’entame de cet album du producteur grec Antonis Haniotakis, ça se confirme. Ce n’est pas de la pop baléarique (ou de la mer Egée plutôt), mais une musique électronique vraiment aérée.
Love Is Growing maintient le mystère et la discrète rythmique appuie le clavier juste comme il faut. C’est méditatif sans être de la musique ‘utilitaire’ (sensée provoquer certaines sensations). La structure du morceau flirte plutôt avec une tendance électronique du post-rock. On aime bien quoi. L’esprit vagabonde donc, se met au repos (8 a.m.) et cette musique ne perd jamais son fil conducteur, tissant patiemment sur Travelling une toile qui vous enserrera comme un cocon. Les sons se répondent, parfois teintés de glitch (Salty Air).
On m’a vendu ceci comme une invitation à la voile en mer Egée et c’est assez bien vu. Pourtant, il serait réducteur de n’y voir qu’une musique de fond, celle de Melorman a du coffre et vient à point nommé par ce chaud été.
Ceci est un album de chansons de Rufus Wainwright. Pas de reprises de Judy Garland, pas de la mise en musique de sonnets de Shakespeare pour Deutsche Grammophon, et ce n’était plus arrivé depuis 2012. On le voit, le très actif Canadien ne favorise pas le format pop.
Pourtant c’est un genre qu’il maîtrise et auquel il ajoute une indéniable touche personnelle, avec une coolitude innée et une ampleur et un engagement qu’on retrouve même au coeur de morceaux supposés plus pop (Damsel In Distress). Et quand il savoure le bonheur domestique (avec emphase, forcément) sur Peaceful Afternoon, c’est parfait dans la sobriété de la démesure. A un tel point que quand il se fait moins ample sur Only The People That Love, on le sent minimaliste, alors que c’en est loin
L’influence de l’âge d’or des comédies musicales ne se dément pas. On aime donc quand il pousse sur la plage titulaire, un des morceaux marquants de cet album. N’oublions pas que c’est aussi un grand chanteur. Il assure tellement qu’on oublie que les comédies musicales, on n’est pas trop clients au final. Il y a même un son moins organique pour étoffer ces déjà très jolies cordes sur Devils and Angels (Hatred) et forcément quelques mélodies irrésistibles (Early Morning Madness). Sans faire trop de bruit, voici donc un album qui semble synthétiser au mieux le style de cette personnalité unique. ’Unfollow the rules’ ? Facile quand on connait tous les codes...