Accueil > Critiques > 2020

Soft People - Absolute Boys

vendredi 2 octobre 2020, par marc


Caleb Nichols a fait partie de Port O’Brien, formation qui garde une place particulière en nos coeurs et dont l’éclectisme était une des nombreuses plaisantes caractéristiques. Cette propension à partir dans plein de directions était d’ailleurs une des marques de fabrique du premier album de Soft People. Pour le meilleur sans doute, la seconde livraison de John Metz et Caleb Nichols se fait moins versatile.

Pour le meilleur donc parce que la palette reste large et que les morceaux qui lui donnent chair sont vraiment convaincants et constituent un des plus fluides exemples de pop moderne. Si New Moon est un morceau de fort bon aloi qui déjà évolue bien et se fraye un chemin entre une basse bondissante à une dream-pop dense, ils peuvent enchaîner avec plus d’électronique sur Shot Through, avec pas mal d’écho et de reverb. Le résultat est indéniablement réussi, comme un New Order catapulté dans le 21ème siècle, avec une voix qui semble s’échapper à cause des effets (et pas par manque d’assurance comme chez les anciens Mancuniens).

Ce rapprochement pourra aussi être fait sur les synthés de la fin de William qui montre qu’il ne faut pas beaucoup pour relever un morceau quand il est aussi solidement composé. Mais ce n’est évidemment pas la seule tendance puisque Louis propose de l’enthousiasmante pop de carrousel. La voix est profonde et garnie d’effets, c’est impeccablement calibré. Les morceaux s’enchaînent comme autant d’amants avec autant de réussite, le vocodeur d’Alex évoquant même la douceur moderne de John Grant. Le plus langoureux et dense 22 Lunes nous rappelle qu’on avait aimé chez Fat White Family cette propension à faire du solide et léger à la fois. Quant à Ramon, il a la fluide complexité d’Atlas Sounds. Ce sont des rapprochements qu’on fait, ce ne sont en aucun cas des redites.

Exit les incursions vers l’avant-garde, bonjour les morceaux d’une mélancolie bien sentie et rendue et qui ne se départissent cependant jamais d’un allant certain. Plus léger, moins délirant, Absolute Boys montre sans doute une confiance accrue d’un duo qui mine de rien s’impose comme une valeur sûre, si pas une référence. Du côté des thèmes aussi, le côté plus vindicatif du premier a fait place à un album plus apolitique mais toujours résolument queer, glissant comme une douceur acidulée dans l’oreille.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Bright Eyes - Kid’s Table EP

    On a toujours apprécié les EP complémentaires, en tous cas bien plus que les rééditions augmentées sensées nous faire passer deux fois à la caisse avec du matériel connu. Les 29 minutes de ce Kid’s Table se profilent donc comme le prolongement idéal du Five Dice, All Threes de l’an passé.
    Assez logiquement, il pratique la même veine riche et ample qui nous avait plus. A cet égard, la plage (…)

  • Other Lives – V

    Dans les réunions de parents, j’imagine qu’il doit être déroutant d’être face aux géniteurs des très bons élèves. Si ça ne doit jamais être tendu, il faut sans doute être créatif. L’excellence appelle finalement peu de commentaires. C’est une situation similaire pour le critique aux prises avec le très bon cinquième album du groupe de Stillwater, Oklahoma.
    A l’instar de Grizzly Bear, c’est (…)

  • Caleb Nichols – Stone Age is Back

    De la part de Caleb Nichols solo (sans Soft People ou Port O’Brien donc), on a connu ses délires divers et variés, extrapolation de l’univers des Beatles ou auto-biographie fantasmée. Ces albums comportaient leur content de fulgurances pop mais elles n’en étaient qu’une des composantes d’un concept plus vaste. Le propos est ici à la fois plus large (ce n’est pas un album conceptuel) et plus (…)

  • Okkervil River, The Antlers - Band Together (Live)

    Okkervil River et The Antlers, c’est une certaine idée de l’indé sensible américain. Une tournée commune était une proposition alléchante qui malheureusement n’est pas passé par notre riant royaume. La double tournée solo de Will Sheff et Peter Silberman s’est donc muée en tournée commune avec un vrai groupe.
    Les expériences des concerts des deux formations étaient assez différentes (on en (…)