Accueil > Critiques > 2021

Bodies of Water - Is This What It’s Like

mardi 4 mai 2021, par marc


Si Arcade Fire a quelques suiveurs médiocres sur la conscience, on peut les créditer d’avoir réhabilité une certaine façon d’en faire trop. Et parmi ceux qui se sont engouffrés dans la faille beuglante, on a toujours eu un petit faible pour les Californiens de Bodies of Water. On discernaitune telle envie déroulée sur un sens mélodique qu’on n’a pu que céder. Comme chez Cloud Cult, il y a ce côté familial, cette impression de communauté seventies. Mais si on a dû attendre un peu pour avoir de nouveau un album de leur part, c’est moins dû à un manque d’envie que des circonstances extérieures parmi lesquelles des départs de membres, des incendies en Californie, une fausse couche et une heureuse naissance. C’est sans doute cette dernière qui nous vaut cette belle et puissante pochette.

On peut déjà compter quelques évolutions dans la discographie de Bodies of Water qui a su depuis longtemps s’éloigner du carcan purement acoustique des débuts. Leur relatif hiatus les voit donc reprendre les choses où ils les avaient laissées avec Spear In The City. Every Little Bird est un morceau complexe mais d’une fluidité exemplaire. On constate la même facilité sur Far, Far Away qui incorpore du solo sans avoir l’air d’y toucher et sans jamais la ramener.

Il y a un groove folk (oui, ça existe) avec supplément psychédélique, un petit air seventies jamais démenti (Trust Your Love), comme une fusion de leurs précédentes façons. Oui, il y a toujours de la mélancolie à volonté (I’ll Go With You) et puis, oui ça monte ça monte, les voix n’ont pas perdu cet instinct qui les pousse. Dans le détail, on remarque le gimmick au violon (Never Call Me Again) ou le blues paradoxal de Far, Far Away mais s’il n’y a pas d’adrénaline à tous les étages, notre attention reste captive, comme en témoigne la ritournelle de I Knew Your Brother.

Bodies of Water est un groupe qui évolue au point de ne ressembler à aucun autre. Une chanson de Bodies of Water est d’abord un hymne et ça n’a pas changé. Ils se permettent donc de se complexifier sans en avoir l’air ni se renier. On appelle ça une réussite, non ?

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Sufjan Stevens – Javelin

    Chez Sufjan Stevens, il y a les choses qu’on admire et celles qu’on adore et ce ne sont pas nécessairement les mêmes. Et si chez les fans de la première heure le meilleur était au début, c’est sans doute son fantastique Carrie and Lowell qui a été le plus acclamé et est considéré comme la ‘base’ de son style. Parce que Sufjan, c’est bien plus large que ça, entre albums hénaurmes et risqués, ambient pas (...)

  • Taughtme - Laugh On Me

    L’album enregistré en Islande semble être un passage obligé pour bien des musiciens. A l’instar de compatriotes comme John Grant ou Low Roar (le regretté Ryan Karazija), Blake Aaron Henderson a suivi les conseils de son ami harpiste Úlfur Hansson et est allé enregistrer son cinquième album sur la fameuse île.
    Et comme presque tout ce qui émane de ces terres d’exception, il en ressort une délicatesse (...)

  • Rufus Wainwright – Folkocracy

    S’il n’est pas immédiatement associé à une scène folk historique, le pédigrée de Rufus Wainwright ne laisse pas de doute. Il est le fils de Loudon Wainwright III et Kate McGarrigle (chanteurs folk proches de la scène de Laurel Canyon) après tout et tant qu’à rester en famille ses sœurs Lucy et Martha sont là, sa tante Anna McGarrigle aussi. Mais ce n’est pas vraiment un album familial pour autant, il y a (...)

  • Clara Engel – Sanguinaria

    Oui, Clara Engel nous revient déjà. Mais c’est surtout parce qu’il nous avait fallu du temps pour faire le tour de Their Invisible Hands. On connait maintenant l’univers de l’artiste canadienne et on se sent tout de suite chez nous. Eloge de la lenteur, du recueillement, il pousse à la contemplation et à reprendre le contrôle du temps. Donc il faut aussi la bonne disposition. Tout comme on n’entre pas (...)

  • Beirut – Hadsel

    Bien honnêtement, quand on a découvert Beirut en 2006, on ne se doutait pas qu’on allait suivre le jeune Zach Condon pendant plus de 17 ans. Cette musique fortement influencée par les fanfares balkaniques a suscité d’emblée l’intérêt mais le procédé semblait trop étriqué pour s’inscrire dans la longueur. On avait tort, forcément, et ceci en est un nouveau rappel.
    En première écoute, ce Hadsel est plutôt en (...)

  • Animal Collective – Isn’t It Now ?

    A une époque où la modernité n’est plus une vertu cardinale, il peut être étonnant de retrouver cette conjonction de talents (Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist) aussi en forme après près d’un quart de siècle d’existence. Avec Time Skiffs, on pouvait clairement parler d’une nouvelle période pour le groupe, un revirement vers plus de musique ‘figurative’ par opposition aux brillants collages (...)

  • Caleb Nichols - Let’s Look Back

    L’artiste qui aura fait le plus parler de lui en 16 mois est un prix qui ne rapporte rien sinon des critiques multiples et sans doute un peu de confusion de la part d’un lectorat débordé. Bref, après avoir pris congé de Soft People, l’actif Caleb nous a donné un album un opéra rock Beatles queer puis deux EP qui mélangeaient chansons et poèmes autour du personnage semi-autobiographique de Chantal. Sa (...)

  • Will Butler + Sister Squares - Will Butler + Sister Squares

    Oui oui, Will Buttler a fait partie d’Arcade Fire qu’il a quitté l’an passé (avant les accusations). Certes, sa voix n’est jamais très éloignée de celle de son frère Win mais si on vous reparle de lui, c’est que ses deux albums précédents avaient laissé un excellent souvenir. On va tout de suite évacuer les ressemblances avec le super-groupe de Montréal en constatant que ce qu’on entend est une version (...)